Textile : Le plus dur reste à faire

 

Textile

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Par
Moncef
MAHROUG

 

textils1160306.jpgConstat
unanime lors du séminaire organisé mercredi 15 mars pour faire le bilan
d’une année d’application du plan de sauvetage de l’industrie textile : 2005
ne s’est pas trop mal passée, mais le plus difficile reste à faire pour
mettre le textile en position de faire face à la concurrence.


«En 2005, le textile a souffert mais a résisté ; la catastrophe prédite par
certains n’a pas eu lieu». Dressant le bilan d’une année d’application du
plan triennal de sauvetage du textile, M. Afif Chelbi, ministre de
l’Industrie, de l’Energie et des PME, n’a pas caché sa satisfaction quant
aux résultats 2005 du secteur le plus important de l’économie tunisienne,
-puisqu’il est le premier employeur et pourvoyeur en devises de la Tunisie-,
malgré le démantèlement des AMF et le déferlement consécutif de produits
chinois sur le marché européen. Néanmoins, M. Chelbi n’a pas cédé au
triomphalisme.

Bons résultats, d’abord. Deuxième fournisseur méditerranéen de l’Union
européenne, après la Turquie, la Tunisie, souligne le ministre de
l’Industrie, de l’Energie et des PME, «a pu, en dépit de cette nouvelle
conjoncture, maintenir sensiblement le même niveau d’exportations exprimé en
dinars qu’en 2004 (4.450 millions de dinars), avec néanmoins une baisse de
l’ordre de 5% en euros (2.800 millions d’euros)».

Une -relative- performance d’autant plus importante que les exportations
ont, en même temps, connu une certaine baisse en termes de volume -qui n’a
été compensé que par l’augmentation -de 12% en moyenne- du prix moyen de la
plupart des produits exportés. Un bilan que M. Mondher Zenaidi, ministre du
Commerce et de l’Artisanat, trouve «acceptable, pour ne pas dire positif».

Autre élément positif, mis en exergue par M. Chelbi, le maintien en 2005 du
flux d’investissement directs étrangers à peu près à son niveau de 2004 -62
millions de dinars pour 95 projets ayant créé 6.000 emplois.

Mais ces résultats -que le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME
impute au «travail acharné des chefs d’entreprise» à qui il a rendu un
«vibrant hommage»- «ne doivent pas masquer le fait qu’il reste un certain
nombre de faiblesses et de défis à relever, certaines sont inhérentes à la
structure du secteur, d’autres concernent l’entreprise», a averti M. Chelbi.

Le premier responsable de toute l’industrie, d’une façon générale, et du
textile, en particulier, a relevé dix faiblesses, dont deux concernent la
structure du secteur : «faible taux d’intégration avec des branches
filature, tissage et finissage peu développées», et un nombre important de
«petites unités avec de faibles moyens financiers et humains, un patron
cumulant une multitude de fonctions, et qui reste souvent tributaires
d’entreprises plus grandes ou de plateformes».

L’entreprise, elle, souffre de 7 faiblesses : «une structure financière
déséquilibrée, des modes de financement souvent inadéquats, de faibles
fonctions commerciales et marketing, la non maîtrise du sourcing à
l’international, la faiblesse des bureaux de style et de modélisme au sein
de bon nombre de nos entreprises, des fonctions méthodes souvent
insuffisamment organisées, et un nombre de clients souvent limité,
accentuant le risque pour l’entreprise».

En somme, la Tunisie a aujourd’hui, d’un côté, des «entreprises bien
structurées», dont les résultats sont souvent bons, et un «bon nombre de
petites entreprises restées sous-traitantes exclusives, n’ayant pas fait
d’efforts suffisants de modernisation» et qui, de ce fait, ont connu de
grandes difficultés en 2005.

Partageant cette analyse, M. Ahmed Sellami, président de la Fédération
Nationale du Textile (UTICA), a parlé, lui, d’«avancement à deux vitesses»
que même le plan mis en oeuvre en mars 2005 n’a pas permis de corriger.

En effet, si pour certaines entreprises -qui «ont réagi très tôt»- ont pu
maintenir leurs parts de marché, le président de la Fenatex se refuse à
occulter «les difficultés de beaucoup d’entreprises». Souvent de petite
taille, ces entreprises ne sont d’ailleurs «pas directement concernées par
les mesures du 2 mars 2005». Or, elles ont «droit elles aussi à une
assistance».

M. Afif Chelbi est convaincu que, grâce à la panoplie de mesures mises en
oeuvre depuis une année dans le cadre de quatre programmes (assistance
technique, développement du finissage, promotion et restructuration
financière), et qui visent à aider l’entreprise textile à passer de la
sous-traitance à la co-traitance puis au produit fini, et à améliorer sa
compétitivité, l’industrie textile est «capable de résister, de corriger ses
faiblesses et de continuer à se développer». Sans disconvenir, le président
de la Fenatex affirme que ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en
oeuvrant pour assurer une «compression des coûts», un «plus grand engagement
des banques» et la révision de certaines législations «pour permettre aux
entreprises tunisiennes d’exercer dans les mêmes conditions que leurs
concurrents ».