L’«Executive
Assistants Training and Placement Program» (E.a.t.p.), mis sur pied par la
Chambre de commerce tuniso-américaine avec l’appui du ministère de l’Emploi,
se propose de former des jeunes diplômés de l’université afin d’améliorer
leur «employabilité». En mettant en œuvre une méthode venue tout droit des
Etats-Unis.
Des entreprises ont récemment reçu une lettre de la Tunisian American
Chamber of Commerce qui leur proposait de puiser dans une base de données le
nom d’un jeune titulaire d’un diplôme universitaire et ayant suivi un
programme de formation très particulier l’ayant préparé à occuper la
fonction de cadre et d’assistant (e) de direction dans une entreprise. Ce
courrier ne les a pas laissées indifférentes. Car la formation assurée à un
premier groupe de 18 jeunes diplômés du supérieur est très particulière.
Baptisé Executive Assistants Training and Placement Program» (E.a.t.p.), ce
programme est destiné «d’une part à former, initier à la vie professionnelle
une sélection de maîtrisards anglophones, et d’autre part, à conseiller et à
assister les entreprises pour le recrutement d’un personnel compétent et
autonome».
Anglophones et venant de cursus divers (finances, comptabilité, commerce
international, communication et journalisme, marketing, etc.), ces jeunes
ont suivi un programme de formation comportant des modules classiques
–perfectionnement en communication et rédaction en langues (anglais,
français et arabe), maîtrise des outils informatiques (Word, Excel,
Powerpoint, Access, Internet, etc.) et d’autres qui le sont beaucoup moins
et qui visent à préparer les candidats à «une meilleure maîtrise
comportementale afin d’atteindre l’efficacité personnelle et
professionnelle».
Géré et mené par Ahlem Ben Othman, une tunisienne formée (ingéniorat en
génie civil) aux Etats-Unis, où elle a vécu une vingtaine d’années –dont 14
comme enseignante à l’Ohio State University-, cette formation, avec coaching
personnalisé, contient aussi des modules entrés dans les mœurs dans ce pays
mais très novateurs en Tunisie, comme la «gestion pour le succès», l’
«excellence», les «relations humaines», le «travail de groupe», la
«motivation» et «dans le monde réel».
La philosophie de ce programme repose sur certains principes et valeurs de
base : l’engagement, la responsabilité, la découverte de soi –en particulier
des «hidden skis» (les talents cachés)- et de l’autre, afin de combiner les
forces de tous pour accéder à une plus grande efficience sur la voie menant
à l’objectif final : la réussite.
Proposé une première fois en 2003, ce programme n’a pu être réalisé faute de
moyens financiers, les candidats étant incapables de payer les droits
d’inscription (400 dinars) à cette formation de trois mois. Le programme a
finalement pu démarrer avec une première session –qui vient tout juste de
s’achever- ayant réuni 18 participants sélectionnés parmi une centaine de
candidats, après que le ministère de l’Emploi ait accepté de le prendre en
charge moyennant un engagement de la TACC à placer les bénéficiaires dans
des entreprises.
L’idée de mettre sur pied ce programme est né du «sentiment dominant parmi
les hommes d’affaires que l’université ne forme pas des compétences
utilisables», explique Abdelhafidh Chaïbi, directeur exécutif de la TACC. Un
déficit qui se traduit chez les diplômés anglophones par «une incapacité à
rédiger des lettres d’affaires» et chez la plupart par une inaptitude à
«communiquer en public».
Mariez culture américaine du monde des affaires et mentalité tunisienne n’a
pas été un exercice de tout repos. Par exemple, inculquer la notion de
«service client» et en particulier l’idée que «votre patron est votre
client» a posé beaucoup de difficultés à l’animatrice. Ahlem Ben Othman a en
effet été confrontée à un très préjugé anti-patron. «Le patron était
considéré comme l’ennemi» et il a fallu beaucoup de discussions pour que les
stagiaires comprennent que «c’est un être humain qui a des objectifs et
qu’il nous emploie pour l’aider».
Saisir l’importance du travail en équipe et ses exigences a posé moins de
problèmes. A ce sujet, les stagiaires ont en particulier appris qu’ils
doivent savoir «ce que vous n’aimez pas chez quelqu’un c’est votre point
faible» et qu’en éliminant les émotions, on doit «avoir du respect
professionnel pour quelqu’un qu’on n’aime pas, pour pouvoir travailler avec
la fonction de cette personne».
Pour les participants à cette première session, le bilan est positif. Autant
que le savoir-faire acquis dans différents domaines, ceux-ci mettent en
avant leur confiance en soi qui se traduit par le sentiment que «rien n’est
impossible tant sur le plan professionnel que personnel».
Les entreprises aussi semblent y trouver leur compte : 8 ont déjà puisé dans
le «stock» des 22 diplômés de la première session de l’ Executive Assistants
Training and Placement Program.