Contrairement
à ma collègue Ibtissem, je n’ai pas reçu de préavis de licenciement, c’est
moi-même qui ai envoyé un préavis de démission ! J’ai senti la sanction
venir, alors j’ai préféré prendre les devants en informant mon patron de mon
souhait de quitter la barque après près de trois ans de “loyaux services” (je ne
dirai pas bons, ce n’est pas à moi de juger).
Pourquoi ai-je choisi de quitter la barque ? Eh bien, comme je suis
généralement bien informé, j’ai appris que le boss allait licencier Ibtissem
et que mon tour allait suivre de toute façon, alors j’ai préféré attaquer
afin de bien me défendre. En fait, la raison du licenciement était simple
pour mon boss. Alors qu’il évoquait l’erreur géographique pour ma consoeur,
il m’attendait au tournant pour propagation de fausses nouvelles.
Le 1er avril dernier, j’ai envoyé par
SMS des infos comme quoi un directeur
général d’une entreprise réputée de la place allait regagner son poste après
son licenciement. Ce directeur général était bien aimé par son équipe et
l’info a vite fait le tour de la compagnie (et peut-être même de la ville).
Trois heures après, j’envoie un deuxième SMS pour dire à mes interlocuteurs
que c’était un simple poisson d’avril et qu’il n’en était rien du retour du
directeur général en question.
Seulement voilà, la sortie du bain ne se fait pas… car mon
patron a eu vent de l’affaire et comptait m’accuser de propagation de
fausses nouvelles. A ma réplique que j’allais donner (comme quoi j’agissais
en mon nom propre et non en celui de webmanagercenter), il allait me dire
qu’en tant que journaliste, je me dois de noter ce que je vois et de ne pas
dire du n’importe quoi vu que mes interlocuteurs ne font plus de différence
entre mes propres SMS et ceux envoyés par mon journal.
Bref, afin d’épargner toutes sortes de remontrances, j’ai pris les devants
en démissionnant ! Savez-vous quelle a été la réaction du boss ? Eh bien il
m’a dit,
puisque tu démissionnes, tant mieux ! «Tu m’accuses toujours de refuser tes
demandes (généralement d’augmentation de salaire), eh bien, réjouis-toi, celle-ci je l’accepte !».
Une réaction toute drôle pour moi ! Mon patron devient humain et accepte
tout de go une demande de ma part ! Mais ce qui est drôle pour moi ne l’est
pas pour lui et il constate déjà les économies qu’il va faire à la fin du mois
suivant en épargnant mon salaire et celui d’Ibtissem. Un patron pense
toujours aux économies de salaire (et il ne s’agit pas de bouts de
chandelle).
A force de jouer au poisson d’avril, j’ai fini par me mordre la queue en me
faisant du mal. Et ce ne sont pas mes lecteurs en question
qui vont venir à mon secours, moi qui leur ai joué un sale tour. Diffuser de
l’intox, blaguer au boulot, propager de fausses nouvelles, c’est toujours
chèrement payé.
Finalement, tout compte fait, j’arrête ma stupide chronique inspirée par le
poisson d’avril pour dire que certaines blagues n’ont du mérite que si elles
n’existent pas. Jouer avec de l’intox n’est jamais bon pour personne. Je
retire donc mon préavis de démission en espérant qu’on fasse de même avec le
licenciement d’Ibtissem. En guise de mabrouk, on s’offrira chacun un nouvel
atlas pour mieux connaître ce monde décidément compliqué !