M. Pierre
Guenant, président de la Conférence Internationale de l’Investissement «la
Baule 2006», a séjourné, du 31 mars au 1er avril à Tunis, à l’invitation de
l’Association d’amitié tuniso-française.
Cette conférence, qualifiée par certains observateurs de Davos européen,
œuvre à améliorer l’attractivité et la compétitivité de l’Europe et des
régions avoisinantes.
Farouche défenseur de l’Euromed et de l’arrimage de la Méditerranée dans
l’espace européen, le président de «La Baule 2006» estime qu’en matière de
mobilisation d’IDE, l’heure est, désormais, venue pour abandonner des
avantages compétitifs tels que les incitations fiscales et les bas salaires.
Il a relevé, au passage, cette incohérence des stratégies qui continuent à
programmer, d’un côté, des améliorations constantes du pouvoir d’achat et à
compter, de l’autre côté, sur les bas salaires pour attirer les IDE.
Selon lui, le plus important aujourd’hui est de travailler sur la valeur
ajoutée des produits et secteurs et de valoriser les atouts et filières
d’excellence des sites de production internationaux. Il a plaidé, également,
pour la promotion de pôles de compétitivité et de zones d’activités à haute
«qualité environnementale» propres à attirer les investisseurs étrangers.
Reçu par le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, le président de
«La Baule 2006 » a évoqué la création d’un «baromètre de l’attractivité du
site Tunisie» et proposé aux Tunisiens d’explorer de nouvelles pistes
d’attractivité en comptant, pour ce faire, sur l’expertise et le
savoir-faire français en matière de pôle de compétitivité.
Cette nouvelle approche de compétitivité des sites off shore tombe à point
nommé lorsqu’on sait que les IDE en Tunisie commencent à connaître, ces
dernières années, un net recul.
En effet, en 2005, les investissements directs étrangers entrés en Tunisie
se sont élevés à 930 millions de dinars et les investissements de
portefeuille à 76 millions de dinars. Par rapport à 2004, les premiers
s’inscriraient en hausse de 17% et les seconds en baisse de 20%.
Les ventes de la cimenterie, la Société Tuniso-algérienne de ciment blanc
(SOTACIB) au groupe espagnol Prasa et de la Banque du Sud au consortium
hispano-marocain Santander/Wafa Bank ont rapporté, à elles seules
respectivement 48 et 98 millions de dinars.
Ainsi, parmi les investisseurs étrangers et hors énergie, l’Espagne se situe
au premier rang en 2005, une place qu’occupe traditionnellement la France.
En termes de nombre de projets, la France maintient sa première position
avec 130 créations d’activités ou extensions d’entreprises existantes, loin
devant l’Italie (79).
La répartition sectorielle des IDE indique une poursuite de la
diversification des flux en faveur des services 231 millions de dinars, soit
+30% par rapport à 2004, qui représentent 25% des flux entrants totaux,
contre 22,5% des flux en 2004. Les IDE en direction des industries
manufacturières ont été un peu moins dynamiques (375 millions de dinars,
+20% par rapport à 2004), mais ont néanmoins représenté 40% de l’ensemble,
contre 38,5% du total 2004. Dans le manufacturier, le secteur des industries
mécaniques est celui qui, en 2005, a attiré les montants les plus importants
avec 88 millions de dinars, une place habituellement occupée par les
matériaux de construction (58 millions de dinars en 2005, -16%) ou le
textile/habillement (58 millions de dinars en 2005, -3%).
Le montant d’IDE pour 2004 (800 millions de dinars environ), nettement en
deçà de l’objectif officiel, marque une contraction des flux d’IDE par
rapport aux années antérieures. Le résultat 2004 est nettement en deçà de
l’objectif officiel qui était de 1.100 millions de dinars.