Axé
sur le droit des populations a accéder à l’eau courante (un des Objectifs du
Millénaire pour le développement), le 4ème Forum mondial sur l’eau qui s’est
tenu du 16 au 22 mars 2006 à Mexico, trois ans après celui de Kyoto, a été
une précieuse opportunité pour rappeler aux Tunisiens cette triste vérité.
Le pays sera confronté, d’ici 2030, si rien n’est fait, à un probable
déficit hydraulique.
Hormis les pays désertiques comme les Emirats Arabes Unis (EAU) ou le Yémen,
la Tunisie fait partie, avec 459 m3/habitant, des pays les moins bien dotés
en ressources renouvelables en eau.
Des experts de la Société tunisienne de distribution et d’exploitation d’eau
(SONEDE), estiment qu’au delà de 2030, la demande d’eau sera supérieure aux
ressources conventionnelles exploitables.
La Tunisie, mal dotée en ressources naturelles en eau mais relativement bien
équipée en infrastructure, va probablement de plus en plus développer des
ressources dites non conventionnelles.
Par rapport à la plupart des PVD (Pays en voie de développement), les
infrastructures tunisiennes paraissent relativement bien développées. En
effet, plus de 90% de la population rurale et 97% de la population urbaine
ont accès à l’eau potable. Mais près de 90% des ressources exploitables sont
actuellement mobilisées en Tunisie.
Cependant, les besoins futurs, attendus en croissance, devront probablement
être couverts par des ressources non conventionnelles : traitement des eaux
usées, dessalement d’eau de mer (dont le coût est en baisse régulière depuis
quelques années), mais aussi amélioration des réseaux de distribution afin
de réduire les pertes dues notamment aux fuites.
Ces fuites sont dues, selon une étude de la SONEDE à la vétusté des tuyaux
d’alimentation (acier galvanisé), la non étanchéité des équipements
sanitaires (chasses d’eau) et la forte pression enregistrée dans les réseaux
(surpressseurs).
Par les chiffres, cette surconsommation d’eau (consommation ordinaire et
fuite d’eau) peut aller jusqu’à 800 litres/jour/lit dans les établissements
hospitaliers, 100 l/j/agent dans les administrations publiques, 550
l/j/résidant dans les établissements hôteliers et 300 l/j/étudiant dans les
établissements universitaires.
Le volume total de consommation d’eau en Tunisie, estimé à plus de 315
millions m3/an, est utilisé à hauteur de 54% par les foyers et
établissements publics, 33% par l’industrie et 13% par le tourisme.
Sur un total de 1,846 million d’abonnés de la SONEDE, ceux des régions
côtières (propriétaires d’hôtels, d’usines) constituent les plus gros
consommateurs d’eau avec un taux de 46%, suivis des abonnés de la région du
Grand Tunis (34%) et des régions intérieures (20%).
Pour pallier cette situation, les experts préconisent la modernisation de
l’infrastructure hydraulique et la rationalisation de la consommation d’eau
dans les activités économiques. Concrètement, il s’agit d’opter pour
l’utilisation d’équipements d’économie d’eau, de recourir aux ressources non
conventionnelles (dessalement des eaux saumâtres, des eaux de mer et la
réutilisation des eaux usées et traitées).
Dans ces conditions, les ressources non conventionnelles sont perçues comme
la meilleure solution pour faire face à la régression de l’offre d’eau,
notamment dans le sud du pays qui se caractérise par une forte sécheresse
qui s’ajoute à la salinité de l’eau, avec plus de deux grammes par litre.
Conscient de ce problème, le gouvernement projette de mettre en oeuvre,
d’ici 2009, un programme de stations de dessalement. Dans une première
étape, dix stations de dessalement d’eaux saumâtres seront installées dans
les zones de Kébili, Douz, Souk el Ahad, Tozeur, Nafta, Matmata et Beni
khedache. Ces stations auront une capacité cumulée de 36.000 m3/j.
Dans une seconde étape, d’autres stations, d’une capacité de 40. 000 m3/j
seront créées dans les régions où le taux de salinité est compris entre 2 et
1,5 gr/l.
A long terme, l’Etat prévoit, pour le sud du pays, le recours au dessalement
d’eau de mer pour satisfaire les besoins de la population en eau potable et
au traitement d’eaux usées pour subvenir aux besoins de l’industrie et du
reste des activités économiques.
Quatre unités de dessalement d’eau de mer seront mises en service, d’ici
2015, dans les gouvernorats de Gabès et Sfax, avec une capacité de 50.000
m3/j.