Pour le FMI, la mondialisation explique en grande partie l’inflation modérée

Par : Autres

 

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Raghuram
Rajan, conseiller économique en chef du FMI le 13 avril 2005 à
Washington

Le Fonds monétaire international (FMI) attribue
la modération de l’inflation dans le monde en grande partie aux effets de la
mondialisation, selon un rapport publié jeudi.

 

“Le FMI estime que, par le biais des prix à
l’importation de produits non pétroliers, la mondialisation a réduit
l’inflation en moyenne d’un quart de point dans les économies développées
avec un effet plus important allant jusqu’à un demi point aux Etats-Unis”,
selon ce rapport.

 

Dans un chapitre intitulé “dans quelle mesure
la mondialisation a-t-elle eu un effet sur l’inflation ?” faisant partie de
son rapport sur les perspectives économiques mondiales et publié à l’avance,
le FMI précise qu’il s’agit d’une moyenne sur dix ans. Sur des périodes plus
courtes de un à deux ans, la mondialisation a pu réduire l’inflation jusqu’à
plus d’un point.

 

L’intégralité du rapport sur les perspectives
économiques mondiales, avec notamment les estimations chiffrées de
croissance pour l’avenir, sera publié la semaine prochaine.

 

La partie du rapport publiée jeudi indique
également que la hausse des prix du pétrole pourrait avoir un effet
déstabilisant sur l’économie mondiale en raison notamment du
réinvestissement aux Etats-Unis des revenus des pays producteurs qui
contribue à accroître le déficit de la balance des paiements courants
américaines.

 

“Le réinvestissement des pétrodollars sur le
marché international des capitaux aide à maintenir les taux d’intérêts à un
bas niveau aux Etats-Unis, contribuant ainsi à faire augmenter le déficit
des paiements courants en encourageant la consommation”, constate le FMI.

 

Mais plus ce déficit s’accroît, plus les
risques d’une baisse du dollar augmentent “ce qui pousserait les taux
d’intérêt américains significativement à la hausse et conduirait
éventuellement à une récession”, avertit le Fonds.

 

“L’économie mondiale s’est remarquablement bien
comportée ces deux dernières années”, a souligné jeudi Raghuram Rajan,
conseiller économique en chef du FMI lors d’une conférence téléphonique.

 

“Une raison importante de cette bonne
performance provient de plus grands échanges de marchandises, services et
capitaux dans le monde”, a-t-il souligné.

 

“La plupart des gens pensent que la
mondialisation réduit l’inflation en réduisant le prix des biens importés.
Cela a été important pendant certaines périodes, notamment après la crise de
1997-98 sur les marchés émergents qui a permis de réduire l’inflation d’un
point dans certaines économies développées pendant un à deux ans par le
biais de la baisse des prix à l’importation”, a-t-il souligné.

 

“Actuellement, en raison de la hausse des prix
du pétrole et des matières premières, les importations alimentent
l’inflation dans la plupart des pays industrialisés”, a-t-il toutefois
indiqué.

 

Selon M. Rajan, la mondialisation contribue
toutefois à atténuer les effets inflationnistes de la hausse de la
consommation par rapport aux capacités de production d’un pays.

 

“L’augmentation de la demande de marchandises
se traduit maintenant davantage par une augmentation des importations plus
que par une hausse des prix (…). C’est en partie pour cela que les
Etats-Unis peuvent consommer 7% de plus que leur Produit intérieur brut
(PIB) sans inflation significative”, a-t-il constaté.

 

Les effets de la mondialisation sur l’inflation
se font également sentir par le biais des salaires. “Mais cela ne veut pas
dire que la mondialisation fait nécessairement baisser les salaires car elle
entraîne également des gains de productivité”, a-t-il dit.

 

“L’effet de la mondialisation sur les salaires
va devenir un sujet de plus en plus controversé, surtout au fur et à mesure
que la part des revenus du travail dans la production totale des pays
développés continue de baisser”, a jugé Raghuram Rajan.

 

 

©
AFP 2006

Photo : Stephen Jaffe