NatIxis : la Caisse des dépôts pourrait jouer les trouble-fêtes

Par : Autres

 

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Philippe Dupont (g),
président du groupe Banque Populaire, et Charles Milhaud, président du
directoire de la caisse nationale des Caisses d’Epargne, le 13 mars
2006 à Paris

La
Caisse des dépôts pourrait jouer les trouble-fêtes dans la poursuite du
projet NatIxis qui doit être examiné jeudi après-midi par les conseils des
groupes Caisse d’Epargne et Banque Populaire.

 

Malgré
les appels du ministre de l’Economie Thierry Breton à négocier dans la
sérénité et en prenant le temps nécessaire, la tension continue de monter
entre la Caisse d’Epargne et la Caisse des dépôts, actionnaire stratégique à
hauteur de 35%.

 

Le
projet NatIxis vise à rapprocher une partie des filiales des groupes Caisse
d’Epargne et Banque Populaire au sein d’une seule entité, cotée en Bourse.
Tenue à l’écart des préliminaires, la Caisse des dépôts considère que ce
projet “peut être intéressant” mais pas en l’état.

 

L’établissement public “n’est pas dans une logique défensive, frileuse ou
d’ego froissé”, assure-t-on dans l’entourage de la CDC. Le projet NatIxis
est “un revirement complet de stratégie mais la Caisse n’a pas d’a priori.
Son but n’est pas de le bloquer mais, tel qu’il est aujourd’hui, ce projet
ne convient pas”, ajoute-t-on.

 

Se
considérant “ignorée” des discussions qui se poursuivent sur leur lancée, la
CDC a réclamé qu’une résolution sur leur poursuite soit soumise au vote des
membres du conseil de surveillance de l’Ecureuil qui doit se tenir jeudi
après-midi.

 

Une
demande qui devrait rester lettre morte: une porte-parole des Caisses
d’Epargne indiquait dans la matinée que l’ordre du jour du conseil sera
maintenu, à savoir un “point d’information” sur l’avancée du projet.

 

Rapport
d’étape qui sera effectué dans le même temps aux membres du conseil
d’administration de la Banque Fédérale des Banques Populaires.

 

Une
source proche du dossier affirmait mercredi que faute d’obtenir
satisfaction, la Caisse des dépôts “en tirera les conséquences,
vraisemblablement de manière juridique”.

 

Sans
proposition d’une résolution, elle ne pourrait utiliser le droit de veto
prévu dans le pacte d’actionnaires qui la lie aux Caisses d’épargne, mais
elle dispose d’autres “leviers” pour faire valoir ses droits, a prévenu
cette source.

 

Une
autre solution pourrait convenir aux principaux protagonistes: une sortie de
la Caisse des dépôts, ce qui lui permettrait d’engranger une somme “assez
considérable” au passage.

 

La
Caisse nationale des Caisses d’Epargne (CNCE), organe de pilotage du groupe,
affichait 12,8 milliards d’euros de fonds propres à fin 2005. Outre la
valeur de ses 35%, la Caisse des dépôts chercherait alors à monnayer
avantageusement sa minorité de blocage, son droit de veto et son “préjudice
pour rupture du pacte d’actionnaires”.

 

Les
“signaux” qu’elle envoie semblent la diriger vers cette issue, analysent
plusieurs observateurs.

 

Son
directeur général, Francis Mayer, juge “inacceptable du point de vue de
(ses) intérêts patrimoniaux” la place réservée à la CDC dans le nouvel
ensemble (4 à 5%), dans un entretien au Monde.

 

Dans le
même temps, il se montrait peu désireux de conserver 35% dans une CNCE
“vidée de sa substance”.

 

C’est
notamment pour rendre sa participation plus liquide que la Caisse des dépôts
avait poussé l’Ecureuil à enclencher le processus d’entrée en Bourse de la
CNCE qui devait se concrétiser fin 2006.

 

Dans
l’entourage de l’établissement public, on souligne que NatIxis “conduit la
Caisse des dépôts à réfléchir un peu plus que d’habitude sur sa stratégie
d’investissements pour les années qui viennent”.

 

Et le
tandem Caisse d’Epargne/Banque Populaire “n’a pas forcément envie et pas
forcément le besoin qu’elle reste”, confie-t-on dans l’entourage des deux
partenaires.

 

 ©
AFP 2006

Photo : Pascal Pavani