Regarder la télé sur internet, une tendance en plein boom aux Etats-Unis

Par : Autres

 

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Le siège de ABC à Washington

Regarder
la télévision via l’internet est une tendance qui se développe aux
Etats-Unis, au point d’avoir convaincu le réseau ABC de proposer
gratuitement en ligne ses séries vedettes… en espérant séduire un maximum
d’annonceurs publicitaires.

 

ABC,
division du géant des médias Walt Disney, a annoncé cette semaine la
diffusion gratuite sur internet –à partir du 1er mai pour une période test
de deux mois– des épisodes de quatre séries dont les désormais mondialement
célèbres “Desperate Housewives” et “Lost”.

 

“C’est
le premier grand pas vers une nouvelle forme de programmation”, commente
Philip Leigh, expert de la firme Inside Digital Media à Tampa en Floride
(sud).

 

“Clairement, 2006 sera une année importante pour la vidéo sur internet, et
cette expérience de ABC initie un mouvement irréversible”, ajoute-t-il.

 

Il était
déjà courant de trouver sur le net des vidéos d’actualité ou de sport. “CBS
a mis sur l’internet le championnat universitaire de basket-ball”, cite
l’expert. Mais pour les séries, les studios Warner Bros via le portail AOL
se sont pour l’instant limités “aux vieux classiques de la télévision”,
poursuit-il.

 

Chez
ABC, les épisodes des séries vedettes seront visibles en intégralité sur le
site de la chaîne (uniquement depuis les Etats-Unis) dès le lendemain de
leur diffusion à heure de grande écoute à la télévision.

 

La
diffusion se fera en “streaming”. Cela signifie que les images vidéo ne sont
pas hébergées par le disque dur de l’ordinateur, comme c’est le cas pour les
téléchargements de certains programmes d’ABC destinés au baladeur iPod via
iTunes.

 

William
Drewry, de la maison de courtage Credit Suisse First Boston (CSFB), souligne
que pour ABC, l’intérêt principal est de proposer aux annonceurs de tester
de nouveaux spots impossibles à zapper, insérés dans des séries qui font
actuellement de ce réseau le leader de l’audimat.

 

“Les
spots seront interactifs, offrant aux spectateurs en ligne la possibilité de
cliquer sur les publicités pour recevoir plus d’informations”, note M.
Drewry.

 

Le
groupe Disney n’a pas précisé le prix des espaces publicitaires. Il a juste
mentionné les noms des annonceurs participant au test, parmi lesquels
Procter and Gamble, Unilever, Ford ou l’opérateur télécoms ATT.

 

Pour les
groupes de téléphonie fixe ou encore les câblo-opérateurs tels Comcast,
l’arrivée de programmes TV gratuits sur internet n’est pourtant pas une
bonne nouvelle, alors qu’eux-mêmes misent de plus en plus sur leur offre
payante de vidéo à la carte, souvent couplée à l’internet haut débit.

 

L’initiative d’ABC “va être considérée comme une menace pour les
fournisseurs de programmes à la carte”, notamment pour ceux proposant l’IPTV
(services vidéo au protocole internet), poursuit Philip Leigh.

 

Les
câblo-opérateurs auront plus de mal à vendre leur option dite de “câble
numérique” qui permet ensuite d’acheter à la carte, explique-t-il.

 

Côté
cinéma, les studios de Hollywood contrôlent de près le calendrier de
diffusion de leurs oeuvres, dans les salles puis en DVD et vers la
télévision payante, et l’offre légale en ligne est encore extrêmement
faible.

 

Certains
observateurs mettent en cause le manque d’appareils permettant de regarder
de la vidéo en ligne avec une qualité d’image intacte.

 

Mais
Philip Leigh n’est pas de cet avis.

 

“Ce
n’est pas une question de technologie”, lance-t-il. “C’est une question de
mise à disposition des programmes pour stimuler la demande pour cette
technologie”, ajoute-t-il, soulignant que le groupe Hewlett-Packard va
bientôt vendre “des téléviseurs adaptés à l’internet”, permettant de lire de
la vidéo en ligne plus confortablement que devant son ordinateur.

 

©
AFP 2006

Photo : Manny Ceneta