Quand
j’ai écrit que les terrains conquis ça se fait rare, un de mes chers
lecteurs m’a fait une remarque sur la relation et le pluriel et le singulier
de ça …et mes collègues de WMC ont expliqué que je pratiquais un langage
soutenu qui n’obéit pas à toutes les règles de la grammaire et où chaque
sujet n’est pas suivi d’un verbe et d’un complément ; car il est du
maniement d’une langue comme d’un instrument de musique et selon les
musiciens les sons et les tonalités diffèrent et nous autres avons une
spécificité bien particulière : nous sommes parfaitement bilingues et
certains d’entre nous sont ou deviennent parfois parfaitement trilingues
voire plus…
Un de mes amis français qui me voyait passer d’une langue à
l’autre sans transition me demanda mais tu penses en Français ou en arabe ?
Ma réponse fut claire : je pense en Tunisien ….
Quand vous êtes dans les banlieues françaises, les jeunes ont inventé une
langue qui reprend le français à la manière de leur évolution sociale où
tout va de travers.
En Afrique noire, le français a trouvé une adaptation à son environnement et
les gens parlent une langue qui contracte avec beaucoup de choses à la fois.
Ainsi, au lieu de dire «on va s’amuser», on vous dit «on va ambiancer», et
pour faire de l’ambiance, ils s’y connaissent nos amis africains avec leur
éternel sourire indéfectible.
Dans ce domaine de l’écriture journalistique, les nuances sont plus
nombreuses et on peut écrire en français et pratiquer plusieurs langues :
– il y a ceux qui utilisent la langue châtiée de l’Académie française et
dont les mots existent exclusivement dans le Larousse, en général ils
écrivent dans le Monde ou le Figaro ;
– il y a ceux qui écrivent en franglais et qui vous font un texte plein de
terminologies importées, et vous trouvez ça essentiellement dans les revues
scientifiques : allez traduire un blog ou un site web ;
– il y a ceux qui lisent le canard enchaîné depuis des décennies, et ce
journal de 8 pages qui vit sans pub est un cas rare dans le monde de la
presse, il tire à plus de 500.000 exemplaires et fait trembler plus d’un
chaque mercredi, ces derniers inventent parfois des mots qui finissent par
passer dans le langage courant : par exemple quand on dit ‘’un canard’’, on
pense journal, même en période de grippe aviaire ;
– il y a ceux qui écrivent pour écrire et dont on se lasse et qui, en
publiant leurs écrits, contribuent à la destruction de la forêt amazonienne
sans pour autant apporter quelque chose au lecteur : c’est peut-être pour ça
que l’on appelle ce style ‘’la langue de bois’’ ….
– etc.
Ce qui est valable pour le français est valable pour toutes les langues, et
un journaliste ou un chroniqueur est surtout quelqu’un qui fabrique un
produit périssable à consommer immédiatement et à jeter ensuite, et avec les
journaux électroniques ; ça disparaît encore plus vite, … donc laisser des
traces est encore plus difficile et le métier devient encore plus complexe.
Pour conclure, quel message avez-vous retenu de mon papier ?