A défaut d’avoir pu
liquider en bloc ses intérêts dans l’hôtellerie, le Consortium
Tuniso-Koweitien de Développement est en train de s’en dégager
progressivement. En vue d’investir dans un secteur plus rentable :
l’immobilier.
Entamée depuis octobre dernier, la liquidation des intérêts du Consortium
Tuniso-Koweitien de Développement (CTKD) -créé il y a exactement trente ans
par le Kuwait Real Estate Investment Company (KREIC) -un organe gérant les
investissements publics koweïtiens à l’étranger-, se poursuit.
Cette opération avait commencé avec la signature en octobre dernier d’un
accord de gestion pour compte entre le CTKD et THR, filiale tunisienne
d’ACCOR, portant sur quatre hôtels de la chaîne (Abou Nawas Sfax, Diar El
Andalous, Gammarth et El Mechtel). Un mois plus tard le CTKD cédait l’Abou Nawas
Tozeur à la chaîne El Mouradi, appartenant à l’homme d’affaires Néji Mhiri,
et mettait en vente le fonds de commerce et les biens fonciers de la Société
Hôtelière de Mahdia (T.H.M.) au capital de 9.280.000 dt.
Poursuivant sur sa lancée, le KREIC cherche aujourd’hui des acquéreurs pour
un autre «paquet» de projets en activité : la Société Hôtelière et
Touristique «Montazah Tabarka», gérant depuis 1991 «Montazah Tabarka», dont
le KREIC contrôle le capital en totalité, une participation majoritaire de
59,27% dans la Société de Promotion Touristique de Mahdia (Hôtel Cap Mahdia,
3 étoiles) et une autre minoritaire dans la Société Sousse Centre (11,40%),
au capital de 3 millions de dinars (Abou Nawas Jaafar).
Mais la véritable nouveauté, c’est que l’opération de liquidation des
intérêts du Kuwait Real Estate Investme nt Company ne se limite pas à la
seule hôtellerie, puisque cet organisme koweitien propose également à la
vente son paquet d’actions (1,54%) au sein de la Tunis International Bank
-dont le plus gros actionnaire est le Koweit Projects Company (KIPCO), avec
82,99% du capital.
L’appel d’offres relatif à ces quatre dernières opérations a été lancé dans
la foulée de la réunion du Conseil d’administration du CTKD, fin mars 2006,
pour laquelle Cheikh Mohamed Al Jarrah Assabah, président du KREIC s’est
déplacé à Tunis.
Comment faut-il interpréter cette «rafale» de cessions intervenant alors que
le CTKD mène encore un programme de rénovation des unités entamé il y a près
de cinq ans et financé sur ses fonds propres ?
D’ailleurs, en mars 2005, c’est-à-dire il y a à peine une année, était lancé
en grandes pompes le chantier de l’Abou Nawas Gammarth, -d’un coût total de
8 millions de dinars sur 15 mois-, en présence de MM.Tijani Haddad et Mehdi
Mlika, respectivement ministre du Tourisme et ministre-conseiller auprès du
Premier ministre. Un événement à l’occasion duquel le CTKD avait annoncé des
«gains records» de 10 millions de dinars. M. Adnane Sakr Al Sakr, directeur
général du CTKD, soulignait même qu’il s’agissait du meilleur résultat
depuis la création du consortium en 1976.
Pourtant, les dirigeants du KREIC, qui se plaignent de problèmes rencontrés mais sans préciser lesquels,
ne semblent pas satisfaits du rendement de leurs investissements dans
l’hôtellerie en Tunisie.
En fait, la décision de se désengager de ce secteur était en gestation
depuis 2003. Cette année-là, comme l’a récemment révélé le directeur général
du CTKD, à l’hebdomadaire «Réalités», «le conseil d’administration a procédé
à une évaluation de l’activité du consortium au cours des années précédentes
et cela afin de lui donner une nouvelle impulsion et régler certaines
difficultés auxquelles nous avons fait face. Pour cela, le conseil a eu
recours aux services d’un des plus grands bureaux d’études mondiaux afin
d’arrêter une nouvelle stratégie prenant en considérant la meilleure
répartition des actifs et la réalisation à travers eux de la meilleure
rentabilité possible».
La stratégie arrêtée prévoit en particulier la restructuration du
portefeuille d’actifs du CTKD, la cession de ceux dont la rentabilité est
faible, et la réhabilitation des autres actifs avec l’assistance d’une des
plus grandes chaînes de gestion hôtelière au monde afin d’en améliorer la
qualité du service.
Mais jusqu’à preuve du contraire, le KREIC n’envisage pas de quitter la
Tunisie mais d’y concentrer à l’avenir le gros de ses investissements dans
l’immobilier.