La
grande réforme des soldes n’aura pas lieu en France
___________________________________
Soldes au Printemps, le
11 janvier 2006 à Paris
La réforme des soldes souhaitée par le ministre
des Finances Thierry Breton risque de passer à la trappe, les commerçants
estimant que le système actuel fonctionne bien alors que les associations de
consommateurs n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le sujet.
Le 28 février, M. Breton avait présenté à
l’issue d’une réunion du Conseil national de la consommation (CNC) un projet
de réforme des soldes portant sur trois volets: modification de la durée,
des dates et assouplissement des promotions.
Pour l’instant, les soldes, seules périodes où
les commerçants peuvent vendre à perte en France, restent limités à deux
périodes (l’une en été, l’autre en hiver) et strictement encadrés.
Le projet de réforme devait être bouclé sous
deux mois et ses grandes lignes présentées au cours d’une nouvelle réunion
du CNC organisée par Bercy avec le le ministre du Commerce Renaud Dutreil,
rassemblant les professionnels du secteur et les associations de
consommateurs.
Aucune date n’est encore fixée pour cette
réunion. “Les ministères des Finances et du Commerce travaillent ensemble
sur les volets techniques et juridiques de cette réforme, suite à la réunion
du 28 février”, a-t-on toutefois précisé à Bercy.
“On va essayer d’en faire le moins possible”, a
indiqué le président de l’Union du grand commerce de centre ville Jacques
Perrilliat.
“Les soldes comme ils sont organisés
actuellement sont profitables à nos entreprises, alors pourquoi prendre des
décisions hasardeuses pour changer la situation? Je suis pour un statu quo”,
a-t-il ajouté.
Même son de cloche du côté des chaînes
d’habillement.
“Pour la première fois, on a un consensus
national chez les commerçants !”, a indiqué Lucien Odier, président du
Conseil national des succursalistes en habillement, qui regroupe des
enseignes comme Zara, C et A ou Celio.
M. Odier laisse toutefois la porte ouverte à
une prolongation de la période de soldes en été à huit semaines, “puisqu’en
bord de mer ou en montagne, les touristes continuent d’acheter”.
Du côté des associations de consommateurs, les
avis sont plus partagés.
“J’ai l’impression qu’il y aura un statu quo.
Pour l’instant, les positions des associations de consommateurs sont
tellement éloignées les unes des autres qu’il sera difficile de se mettre
d’accord”, a jugé Yves Sirot, président de l’Organisation générale des
consommateurs.
“Les avis vont de la libéralisation totale des
soldes (chaque magasin décide la date de ses soldes, ndlr) au statu quo, en
passant par une troisième période de soldes”, a-t-il ajouté.
En revanche, le consensus est général chez les
commerçants quant au troisième volet de la réforme, qui concerne un
assouplissement des promotions.
M. Perrilliat juge qu’actuellement “les
contrôles sont excessifs pour les promotions”. “Ce qui nous arrangerait,
c’est d’avoir la liberté totale de nous débarrasser des surplus de stocks
tout au long de l’année, à perte et sans avoir à attendre les soldes”, a
souligné M. Odier.
M. Breton avait étonné les professionnels en
janvier en évoquant la possibilité d’une troisième période de soldes, au
grand dam du ministre du Commerce, Renaud Dutreil, qui y est fermement
opposé. La réunion du 28 février avait été organisée par M. Breton pour
débattre du sujet.
“On peut éventuellement regarder s’il faut
raccourcir la période de soldes d’hiver, s’il faut une date unique pour
améliorer la visibilité des soldes en France, mais il ne faut pas remettre
en cause quelque chose qui marche bien”, avait jugé M. Dutreil.