Un visiteur du salon CeBIT de Hanovre devant un logo d’Intel, le 14
mars 2006
Le
numéro un mondial des microprocesseurs Intel connaît un début d’année très
difficile, alors que la croissance des ventes de PC ralentit aux Etats-Unis
et que son rival AMD continue de gagner des parts de marché.
Intel a
annoncé mercredi soir un recul de 38% de son bénéfice net au premier
trimestre, assorti d’une baisse de 5% de son chiffre d’affaires, que les
dirigeants ont mis sur le compte d’un ralentissement du marché informatique
et d’un haut niveau de stocks de puces chez les fabricants de PC.
Les
résultats n’ont pas surpris Wall Street, où l’humeur est au pessimisme
depuis trois mois sur la situation d’Intel. L’action du géant californien,
qui a perdu plus de 20% de sa valeur depuis le début de l’année, grignotait
0,36% à 19,62 dollars vers 16H45 GMT.
Plus que
par la contre-performance elle-même –dont le groupe avait donné un
avant-goût dans un avertissement début mars–, les experts du secteur se
disaient étonnés par les explications avancées par la direction.
“Est ce
que Intel est dans le déni?” et refuse de reconnaître la réalité,
interrogeait Michael Masdea, de la maison de courtage Credit Suisse First
Boston.
Le
groupe continue d’attribuer sa santé déclinante “aux stocks établis par les
clients et à une croissance plus faible des ventes de PC malgré les preuves
du contraire”, poursuivait cet analyste dans une note.
M.
Masdea faisait allusion aux études tout juste publiées sur les ventes
mondiales de PC au premier trimestre: elles ont augmenté en volume de 13%
par rapport à la même période de 2005, selon les cabinets spécialisés
Gartner et IDC.
Certes
les taux de croissance aux Etats-Unis (entre +5% à +7% selon les études)
sont inférieurs de moitié à la moyenne mondiale et le marché continue d’être
tiré par les pays émergents comme la Chine et l’Inde. Mais rien n’incite
vraiment à l’alarmisme sur la santé du marché informatique.
Au
regard des chiffres publiés par IDC –qui a insisté sur la croissance
“légèrement inférieure” aux attentes aux Etats-Unis–, Richard Farmer,
analyste de Merrill Lynch, a révisé à +11% contre +11,2% auparavant sa
prévision de progression de ventes mondiales de PC en 2006.
“Notre
estimation part du principe que des usagers risquent de retarder leurs
achats jusqu’à la sortie du nouveau système d’exploitation Vista de
Microsoft (repoussée à janvier 2007, ndlr). Le marché devrait réaccélérer en
volume et surtout en valeur en 2007-2008”, a ajouté M. Farmer.
Pour
l’heure, Intel table sur un mauvais premier semestre 2006 et a même estimé
jeudi que, sur l’ensemble de l’année, son chiffre d’affaires pourrait
s’afficher en recul d'”environ 3%” par rapport à 2005. Jusqu’alors le groupe
évoquait la perspective d’une hausse de 6% à 9%.
Cet
horizon assombri s’explique peut-être par un “effet Vista” et des reports
d’achats, mais il est aussi le fait de la percée opérée par le concurrent
Advanced Micro Devices (AMD) depuis 2004, d’après de nombreux analystes.
“AMD a
continué d’augmenter ses parts de marché au premier trimestre, la
compétition avec Intel s’est intensifiée”, a-t-on relevé chez Gartner.
“C’est
le septième trimestre consécutif où AMD a gagné des parts de marché sur le
marché mondial des PC”, a insisté cet institut, dont les chiffres de ventes
d’ordinateurs incluent les serveurs x86.
C’est
pour équiper ce type de matériel professionnel qu’Intel et AMD livrent leur
principale bataille, et le second profite du fait d’avoir commercialisé en
2005 avec plusieurs mois d’avance sur le premier les puces adaptées.
D’après
la firme Mercury Research, au quatrième trimestre 2005, Intel détenait une
part de 76,9% du marché mondial des microprocesseurs, contre 82,2% un an
plus tôt. Dans le même intervalle AMD a progressé de 16,6% à 21,4%.