Le Pdg de Microsoft, Bill Gates le 21 avril 2006 à Tokyo avant une
visite au Vietnam
Bill
Gates, un des hommes les plus riches du monde et un des symboles les plus
éclatants du capitalisme, était attendu vendredi au Vietnam où il doit à la
fois promouvoir sa marque et demander aux autorités plus de rigueur dans la
lutte contre le piratage de l’industrie informatique.
Le
co-fondateur de Microsoft, attendu en fin de journée à Hanoï, rencontrera
samedi le Premier ministre Phan Van Khai, qui a accepté de s’extraire de ses
obligations du Xe congrès du Parti communiste vietnamien (PCV).
Pendant
que la grand-messe marxiste-léniniste se poursuivra au coeur de la capitale
pour renouveler la hiérarchie du pays, Gates doit promouvoir la connection à
internet des zones rurales, s’entretenir avec des étudiants et rencontrer
les responsables du secteur des industries de l’information.
MM.
Gates et Khai s’étaient déjà rencontrés l’an passé, lors du voyage de ce
dernier aux Etats-Unis, le premier d’un chef de gouvernement vietnamien chez
son ancien ennemi depuis la fin de la guerre en 1975.
Sa
visite profite autant à Microsoft qu’au Vietnam, estime Carl Thayer, de l’Australian
Defence Force Academy de Canberra.
Gates
“est généreux avec le Vietnam, tout en faisant certainement avancer aussi un
agenda commercial. Et pour le Vietnam, qui veut se développer et faire ce
bond en avant (de l’informatique), cette relation est exactement ce qu’il
cherche”.
Le
secteur de l’informatique est balbutiant au Vietnam, mais pourrait ne pas le
rester longtemps.
Le pays
entend fonder son développement dans les années à venir sur des industries à
haute valeur ajoutée. Et la construction dans le sud d’une usine du géant
américain Intel, annoncée fin février, a modifié le regard porté sur le pays
et sur sa capacité à accueillir des technologies de pointe.
“Bill
Gates veut en savoir plus sur le Vietnam avant de définir sa stratégie
d’investissement”, estime Tran Doan Kim, de l’Association vietnamienne des
entreprises de logiciels.
Mais
rien ne pourra arriver dans le secteur tant que les autorités ne feront pas
le ménage dans l’industrie du piratage. Selon l’organisation Business
Software Alliance, plus de 90% des logiciels vendus au Vietnam sont des
faux, soit le taux le plus élevé dans le monde.
Pas si
étonnant dans un pays où le PNB annuel par habitant est évalué à 640
dollars, soit moins que le prix de certains produits de Microsoft, alors que
des copies parfaitement opérationnelles sont disponibles pour deux ou trois
dollars.
Mais la
question se fait de plus en plus pressante à l’heure où Hanoï veut rejoindre
l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
“Même si
personne ne peut prédire ce que va dire exactement Bill Gates, son voyage ne
sera pas aussi entièrement positif que la décision d’Intel”, estime
Christopher Muessel, du cabinet de juristes Baker and McKenzie.
“Microsoft est très inquiet en ce qui concerne la contrefaçon, donc Bill
Gates devrait au moins demander au Vietnam d’aller plus loin dans la
protection de la propriété intellectuelle, ce qui est un élément négatif.
Mais globalement, ce voyage donnera une image positive du pays”,
ajoute-t-il.
Le
patron du géant américain s’adressera devant un millier d’étudiants, autant
dire un public conquis.
“Chaque
pays voudrait avoir un Bill Gates,” écrivait vendredi le quotidien de la
jeunesse, Thanh Nien. “Beaucoup de jeunes vont rêver que le Vietnam possède
un jour un homme riche et bon comme Bill Gates”.