Le G7 tente de calmer la
flambée des cours du pétrole
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Les ministres français,
Thierry Breton, allemand Peer Steinbruck et américain John Snow le 21
avril 2006 lors du G7 à Washington
Les ministres des Finances des pays du G7 ont
tenté vendredi de calmer la flambée des cours du pétrole en appelant à plus
d’investissements, et pour la première fois critiqué explicitement la Chine
sur la rigidité de sa monnaie.
Réuni dans un contexte d’envolée spectaculaire
des prix du pétrole le forum des pays les plus riches a jugé que le
renchérissement de l’or noir représentait un “risque” pour la croissance,
même si celle-ci a plutôt mieux résisté que prévu au choc pétrolier rampant.
Pour y faire face, les membres du G7
(Etats-Unis, Canada, Allemagne, Japon, Grande-Bretagne, France et Italie)
ont souligné combien les investissements étaient “cruciaux”, que ce soit
dans “l’exploration, la production, les infrastructures énergétiques et les
capacités de raffinage”. Ils avaient déjà exhorté à de tels investissements
lors de leur réunion de septembre, sans parvenir toutefois à enrayer la
flambée des cours.
Ceux-ci ont clôturé pour la première fois
au-dessus de 75 dollars vendredi à New York, sur fond d’inquiétudes
concernant la crise iranienne et l’approvisionnement en essence aux
Etats-Unis.
“L’investissement est essentiel et les pays
producteurs devraient fournir un environnement ouvert et sûr” pour
satisfaire les besoins “pressants”, a encore souligné le G7 dans son
communiqué final. Une allusion au Venezuela et au Nigeria en particulier et
un appel du pied aux pays de l’Opep qui tiennent une mini-conférence
ministérielle à Doha au cours du week-end. Pour les pays consommateurs, le
communiqué plaide pour des mesures d’économies d’énergie et de
diversification, “ce qui améliorera l’équilibre entre l’offre et la
demande”.
La réunion du G7 était suivie d’un dîner auquel
étaient conviés la Chine et trois gros producteurs de pétrole, la Russie,
l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, signe de l’importance accordée
par le G7 à ce sujet.
Autre dossier épineux, la Chine a été nommément
sommée, une première, de procéder à une réévaluation de sa monnaie en
faisant preuve de “plus de flexibilité” dans sa politique de change. La
mention de la Chine dans le communiqué final a fait l’objet de négociations
ardues entre les sept délégations avant d’être retenue dans le communiqué
final. Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent les Chinois de
maintenir le niveau de leur monnaie à un niveau artificiellement bas pour
doper leurs exportations.
Ces appels risquent cependant d’avoir peu
d’effet. Pressé par le président américain George W. Bush sur le sujet, son
homologue chinois Hu Jintao, en visite jeudi à Washington, s’était refusé à
toute promesse concrète.
Dans leur appréciation générale de l’économie
mondiale, les ministres ont souligné que “la forte croissance économique
mondiale continue dans sa quatrième année et les perspectives restent
favorables”. “Toutefois, des risques demeurent liés à l’évolution sur les
marchés pétroliers, aux déséquilibres mondiaux et au protectionnisme
croissant”, selon eux. Le G7 s’est félicité toutefois que l’inflation “reste
contenue” malgré le renchérissement du pétrole, dont le prix a triplé depuis
début 2002.
Dans un additif au texte, les ministres ont
réaffirmé que “les ajustements économiques sont une responsabilité partagée”
et que ceux-ci “vont aider à l’évolution à moyen terme de l’épargne privée
et de l’investissement”. Ils ont appelé à des mesures pour “encourager
l’épargne nationale” aux Etats-Unis, où le taux d’épargne des ménages est
désormais négatif, notamment par le biais d’un assainissement budgétaire et
de mesures sur les dépenses de retraite et de santé. L’Europe pour sa part a
été appelée comme d’habitude à des réformes structurelles pour rendre plus
flexibles le marché du travail et celui des services notamment.