Lutte contre la corruption
et la pollution : priorités de la Banque mondiale
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Le président de la
Banque Mondiale Paul Wolfowitz le 23 avril 2006, à Washington
La Banque mondiale a reçu dimanche mandat de
s’attaquer plus particulièrement à la corruption dans les pays pauvres et
riches d’une part et à la pollution atmosphérique d’autre part, en
favorisant les énergies renouvelables dans le monde en développement.
“Les besoins en énergie sont énormes quand on
sait que 2,4 milliards de personnes continuent d’utiliser des carburants
traditionnels comme le bois ou les excréments séchés d’animaux, et que 1,6
milliard n’ont toujours pas accès à l’électricité” dans les pays en
développement, a dit le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz.
Le comité de développement, l’instance
dirigeante de la Banque mondiale, a approuvé un document intitulé “cadre
d’investissement pour l’énergie propre et le développement”, en clôture des
réunions de printemps des institutions financières multilatérales.
Il vise à favoriser l’accès à des sources
d’énergie propre dans un but de “protection de l’environnement” et de
poursuite de la lutte contre la pauvreté, selon M. Wolfowitz.
A l’heure où le pétrole vole de record en
record, à plus de 75 dollars le baril à New York, les pays riches
recherchent les moyens d’aider à la fois les pays pauvres à y faire face,
tout en mettant au point des mesures pour freiner le réchauffement
climatique.
Cependant au sein des 184 Etats membres de la
BM, les avis divergent sur le financement de la nouvelle initiative qui
énumère plusieurs pistes sans avancer de montants chiffrés.
Il est question de financements combinés
public/privé, voire d’utiliser des quotas de dioxyde de carbone, un
mécanisme de ventes de droits d’émission de CO2 mis en place par le
protocole de Kyoto sur le changement climatique.
L’idée du ministre britannique des finances,
Gordon Brown, d’un fonds de 20 milliards de dollars sur quatre ans dans
lequel la BM pourrait puiser n’a pas été débattue dimanche, selon les
experts de l’institution, qui laissaient entendre que ce montant serait
insuffisant.
Certains ministres ont critiqué d’autres
aspects, estimant le texte de l’initiative “biaisé” car il ne vise que la
promotion de sources alternatives d’énergie, certaines n’étant même pas
encore commercialement viables.
La ministre néerlandaise du développement,
Agnes van Ardenne, n’a pas apprécié que le projet s’adresse surtout aux pays
à revenus moyens où il y a un marché potentiel pour le développement des
énergies propres.
Sa collègue allemande, Heidemarie
Wieczorek-Zeul, s’est élevée contre la mention du nucléaire parmi les
options proposées d’énergies propres et a suggéré de demander aux
producteurs pétroliers de verser une partie de leurs pétrodollars dans un
Fonds auprès de la Banque africaine de développement pour alléger la facture
énergétique des pauvres de ce continent.
Le ministre français de l’économie et des
finances, Thierry Breton, a, lui, préconisé l’utilisation des facilités de
financement déjà existantes au sein de la BM plutôt que de lancer un nouveau
Fonds.
Des précisions seront apportées lors de la
réunion annuelle en septembre à Singapour, selon le communiqué final de la
Banque mondiale, qui a également mandaté le président Wolfowitz pour aller
de l’avant avec son projet d’accélération de la lutte anti-corruption.
Le patron de la BM, auquel certaines ONG
reprochent son “obsession” pour la corruption, a insisté dimanche devant la
presse sur la double responsabilité des pays pauvres et riches.
“Pour chaque corrompu il y a un corrupteur”, ce
dernier étant très souvent “issu des pays développés”, a souligné M.
Wolfowitz.