Lancée pour la première
fois il y a un peu plus de cinq ans, l’idée d’investissements tuniso-libyens
dans des projets mixtes destinés à exporter en Afrique commence à se
concrétiser. Deux exemples vont être présentés lors du deuxième «forum
tuniso-libyen d’investissement en Afrique» qui se tiendra en mai à Tunis.
Explications de M. Jilani Ben M’barek, président de la Chambre de commerce
et d’industrie de Tunis.
L’année dernière, Tripoli avait été le théâtre du premier forum
tuniso-libyen d’investissement en Afrique (23 et 24 avril 2005), à
l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de Tripoli et de la
Chambre de commerce et d’industrie de Tunis (CCIT). Cette initiative a pris
racine dans la conviction des deux parties que l’on pouvait développer les
relations économiques tuniso-libyennes «en travaillant ensemble, la main
dans la main, chacun selon ses capacités et ses compétences», observe M.
Jilani Ben Mbarek, président de la CCIT.
Concrètement, l’ambition des deux parties est de favoriser la création de
projets mixtes dans les deux pays en vue «d’exporter ensemble en Afrique» en
s’appuyant sur «la politique africaine de la Libye» et sur les «entrées
privilégiées» des Tunisiens en Afrique sub-saharienne où «la Tunisie est
aimée». D’autant que «le fait qu’il soit tuniso-libyen confère une
plus-value au produit» aux yeux des Africains.
Lors du premier forum, près de 80 entreprises tunisiennes «performantes» ont
eu des contacts avec 150 sociétés libyennes. Il en est sorti «quelques
projets» dans divers domaines, concrétisés à la fois en Tunisie et, surtout,
en Libye, en mettant ensemble des capitaux mixtes et des compétences
tunisiennes.
Un an plus tard, ces deux organismes, liées depuis 2001 par une convention
de jumelage (par laquelle les deux parties s’étaient engagées notamment à
échanger informations et visites, et à organiser des rencontres sur
l’investissement dans les deux pays et des foires), organisent la deuxième
édition de ce forum (Tunis, 11 et 12 mai 2006) car elles ont convenu de la
«nécessité d’une rencontre au moins une fois par an, alternativement dans
les deux pays, pour faire le point, voir ce qui a pu bloquer une meilleure
collaboration, porter à la connaissance de nos responsables les éventuels
lacunes et problèmes qui se posent, formuler, non pas des revendications,
mais des suggestions en vue d’améliorer la situation».
A Tunis, le bilan sera établi à partir des expériences de deux entreprises
qui ont monté des projets en Libye, en l’occurrence Carthago Ceramic (groupe
Poulina) et Entreprise de Construction Métallique et Entretiens (ECME)
faisant partie du groupe de l’homme d’affaires Mahmoud Saïdi qui
témoigneront de leurs expériences respectives «en parlant du bon et du
mauvais côté de la chose».
Lors de la rencontre de Tunis, les deux parties vont également «mettre sur
le tapis la nouvelles donne, car entre temps les choses évoluent». Par
exemple, «la Mauritanie est devenue un pays pétrolier» et «nous ne voulons
pas être les derniers à y aller, comme nous ne sommes pas allés au bon
moment au Soudan, au Congo, etc.
Donc, «il n’est pas trop tard pour aller prendre notre place. Nous avons
voulu le faire ensemble», souligne le président de la Chambre de commerce et
d’industrie de Tunis. Ce qui ne veut pas dire que «Tunisiens et Libyens ne
vont continuer à travailler séparément». Cette expérience avec la Libye
étant «encourageante», les Tunisiens vont la rééditer «avec nos amis
Algériens», puisque l’objectif ultime est «de construire par le bas ce
Maghreb dont on parle beaucoup mais qui ne se fait pas.
Nous autres hommes d’affaires et entreprises voulons réaliser l’intégration
maghrébine, car nous savons que les politiques suivront si demain il y a une
assise, c’est-à-dire des échanges et des flux de capitaux importants».