Proches de leurs records,
les prix du pétrole s’accordent un moment de répit
___________________________________
Des courtiers à Wall
Street, le 18 avril 2006
Les prix du pétrole restaient proches de leurs
records lundi matin sur fond d’inquiétudes persistantes sur l’Iran et
l’approvisionnement en essence des Etats-Unis, tandis que les membres de l’Opep
se réunissaient à Doha.
Le light sweet crude a atteint un record
historique vendredi à New York, à 75,35 dollars, niveau qu’il a de nouveau
touché dans la nuit de dimanche à lundi en séance électronique. Il n’avait
jamais été aussi cher depuis le début de sa cotation en 1983.
A Londres, le Brent de la mer du Nord s’était
hissé à 74,79 dollars le baril vendredi, là aussi un record.
Lundi vers 10H25 GMT, les cours restaient à
portée de ces sommets: à New York, le baril de light sweet crude pour
livraison en juin reculait de 64 cents à 74,53 dollars, tandis qu’à Londres,
le Brent baissait de 48 cents à 74,02 dollars.
“Ce sont juste quelques prises de bénéfices
après le week-end”, explique Mike Wittner, analyste à la banque Calyon.
Selon lui, la tendance pour la semaine est à la
stabilisation. “On a eu un tel sprint au cours des dernières semaines que le
marché va vouloir consolider ses gains et prendre le temps d’examiner la
suite des événements”, juge-t-il.
Les investisseurs restaient très nerveux au
sujet du dossier nucléaire iranien, alors que Téhéran a assuré dimanche que
ses activités d’enrichissement d’uranium étaient “irréversibles”, à moins
d’une semaine de l’échéance fixée par l’Onu pour y mettre un terme.
Le marché redoute une intervention militaire
des Etats-Unis dans ce pays qui exporte plus de 2,5 millions de barils par
jour (mbj) de brut.
Pour les analystes de la maison de courtage
Sucden, la crainte de voir ces exportations baisser se traduit par “une
prime de risque de 15 à 20 dollars dans le prix du brut”.
“Etant donné le manque de capacités
excédentaires de production -estimées à environ 2 mbj dans le monde
actuellement-, le marché sait que tout ralentissement des exportations
iraniennes enverrait le prix au-delà de 100 dollars”, notent ces analystes.
Le marché s’inquiète aussi de la situation
toujours tendue au Nigeria, où les récentes attaques perpétrées par les
militants séparatistes du Delta du Niger (sud) ont réduit de 20% la
production. Or le brut nigérian, léger et peu soufré, est très prisé par les
raffineries car son rendement en essence est plus important.
Autre source d’inquiétudes pour le marché, le
risque d’une pénurie d’essence cet été aux Etats-Unis, où les stocks de
carburant sont inférieurs de 4,6% à leur niveau de l’an dernier.
“La situation en Iran et au Nigeria, combinée
au déclin des stocks d’essence à l’approche de la saison estivale de forte
consommation, devraient empêcher les cours de trop reculer”, estiment les
analystes de Sucden.
Les inquiétudes sur l’essence sont accrues par
l’entrée en vigueur aux Etats-Unis de normes plus strictes sur la
composition de carburant, qui doit désormais inclure de l’éthanol et non
plus du MTBE, jugé cancérigène.
A Doha, les membres de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (Opep) doivent tenir une réunion informelle lundi en
marge du Forum International de l’Energie.
Le cartel, qui fournit 40% de l’offre mondiale,
envisage de réactiver la mesure spéciale prise en septembre après le passage
du cyclone Katrina aux Etats-Unis, afin de calmer les cours. Il s’agit de
mettre à la disposition des consommateurs les 2 mbj supplémentaires que les
pays de l’Opep et surtout l’Arabie saoudite peuvent encore fournir, sans se
soucier des quotas.
Mais selon Mike Wittner, cette mesure qu’il
qualifie de “geste politique” serait sans effet sur les cours. “Je serais
très surpris que cette offre intéresse quiconque. Le marché n’a tout
simplement pas besoin, ni envie, du brut lourd et sulfureux (produit par
l’Arabie), il veut le brut léger et peu soufré que produit le Nigeria”.