Les prix du pétrole
remontent après l’évacuation d’un terminal au Nigeria
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Le New York Mercantile
Exchange (Nymex), le 18 avril 2006
Les prix du pétrole remontaient mardi après
l’évacuation partielle d’un terminal pétrolier au Nigeria par crainte
d’attaques, et une nouvelle mise en garde de l’Iran sur les conséquences
qu’auraient des sanctions prises à son encontre sur le marché.
A New York, le baril de light sweet crude pour
livraison en juin progressait de 54 cents à 73,87 dollars vers 10H30 GMT
lors des échanges électroniques.
Il avait atteint un record historique vendredi
à 75,35 dollars, plus haut niveau depuis le début de sa cotation en 1983.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord
grimpait de 75 cents à 73,75 dollars mardi matin sur l’échéance de juin. Son
dernier record remonte aussi à vendredi, quand il avait atteint 74,79
dollars le baril.
Le géant américain ExxonMobil a évacué son
personnel “non-essentiel” du principal terminal d’exportation pétrolier du
Nigeria, qui traite 650.000 barils par jour, par crainte d’attaques de
militants séparatistes, a annoncé mardi un porte-parole.
La production du terminal de Qua Iboe (sud-est)
n’était pas immédiatement affectée par ces évacuations, a précisé le
porte-parole, Yemi Fakayejo.
Cette annonce a ravivé les inquiétudes sur
l’instabilité de la production au Nigeria, qui est déjà amputée de quelque
20% (550.000 barils par jour) par de récentes attaques ayant surtout visé
les sites du géant anglo-néerlandais Shell dans le Delta du Niger (sud).
D’après Deborah White, analyste à la Société
Générale, la compagnie aurait reçu il y a environ deux semaines des menaces
d’attaques pour les 30 et 31 avril si ExxonMobil n’acceptait pas de payer
aux habitants du Delta des compensations pour une fuite de pétrole survenue
en 1998.
“L’annonce d’aujourd’hui signale qu’ExxonMobil
prend ces menaces au sérieux”, souligne-t-elle. “Cela n’affecte pas encore
ses exportations mais l’annonce est très inquiétante”.
“S’il est vrai qu’ExxonMobil craint de
nouvelles attaques, on pourrait perdre encore 20% de production au Nigeria”,
prédit cette analyste, notant que le brut nigérian, léger et non-sulfureux,
est de très bonne qualité, et à haut rendement en essence, “le produit qui
préoccupe actuellement”.
Le marché redoute une pénurie d’essence cet été
aux Etats-Unis, où les stocks de carburant sont inférieurs de 4,6% par
rapport à leur niveau de l’an dernier.
Ces inquiétudes sont accrues par l’entrée en
vigueur aux Etats-Unis de normes plus strictes sur la composition de
carburant, qui doit désormais inclure de l’éthanol et non plus du MTBE, jugé
cancérigène.
Par ailleurs, le marché restait très nerveux au
sujet du dossier nucléaire iranien, alors que Téhéran a laissé entendre
mardi qu’il aurait recours à l’arme du pétrole en cas de sanctions
“radicales” à son encontre.
“L’Iran n’est pas celui qui commencera la
crise, mais si nous sommes sujets à des mesures radicales cela aura
automatiquement des conséquences importantes sur le pétrole”, a déclaré Ali
Larijani, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale.
Or les Etats-Unis ont indiqué ces derniers
jours que toutes les options étaient sur la table pour forcer l’Iran à
cesser d’enrichir de l’uranium, y compris une intervention militaire.
Dans cette éventualité, le pays pourrait
riposter en réduisant ses exportations de brut, estimées à plus de 2,5
millions de barils par jour (mbj), ou en bloquant le détroit d’Ormuz,
passage stratégique pour le trafic pétrolier.
Les dirigeants iraniens n’ont jamais menacé
explicitement d’utiliser l’arme du pétrole, dont leur pays est le quatrième
producteur mondial, dans la crise autour de leur programme nucléaire.