Comme chaque année, la
Technology Review (TR) publie la liste des 10 technos émergentes sur
lesquelles il faudra, selon elle, garder un oeil dans les années à venir.
Beaucoup des technologies distinguées entrent dans des domaines de
connaissance qui dépassent le champ des techniques de l’information -même si
elles restent très intéressantes comme l’épigénétique, qui cherche à
comprendre certains mécanismes qui influent sur l’expression (et non sur la
structure) des gènes, pour mieux diagnostiquer le cancer et identifier les
traitements efficaces ; la nanomédecine, qui délivre les médicaments au
coeur des cellules ; ou encore l’interactomie comparative qui cherche à
exploiter de nouvelles solutions médicales à partir de cartes des
interactions entre les molécules d’une cellule…
Quelques “technologies émergentes” sont plus proches des technologies de
l’information et de la communication et ouvrent de très intéressantes
perspectives. C’est le cas de la radio cognitive, un procédé pour éviter les
embouteillages des ondes.
Dans la perspective où tous les capteurs qui nous entourent échangent sur
des longueurs d’ondes proches, nous risquons rapidement d’arriver à
saturation. Heather Zheng, de l’université de Californie à Santa Barbara,
travaille, comme 5 autres laboratoires identifiés par la TR, à améliorer la
manière dont les dispositifs de communication sans fil se partagent le
spectre radio-électrique.
L’idée des radios cognitives consiste à ce que les objets communiquants
sachent détecter les bandes inexploitées du spectre radio et s’ajuster au
comportement des autres pour optimiser leurs propres communications.
La TR distingue aussi le sans fil “omniprésent” : Dipankar Raychaudhuri,
directeur du Winlab (Wireless Information Network Laboratory) de
l’université de Rutgers (New Jersey), travaille à ce que nos appareils sans
fils échangent “sans couture” en associant de manière dynamique différents
réseaux radio : ainsi, une puce Rfid attachée à un produit pourrait vous
avertir d’une promotion sur votre mobile, les véhicules situés à proximité
l’un de l’autre s’alerteraient des dangers de la route…
Mais pour faire en sorte que des objets disparates communiquent de manière
simple, il leur faut s’appuyer sur un protocole commun. Le projet de
Raychaudhuri consiste donc à proposer une plate-forme de test de protocoles
sans-fil destinés à des dispositifs hétérogènes.
De son côté, Scott Cantor, de l’université d’Etat de l’Ohio, travaille à
l’authentification universelle. Il pense que la balkanisation des systèmes
d’identification en ligne pourrait être résolue par un procédé
d’authentification web qui permettrait à l’utilisateur de surfer en toute
tranquillité. Shibboleth, le système qu’il a mis au point, consiste en un
standard d’authentification ouvert : imaginons qu’un étudiant de
l’université de l’Ohio souhaite accéder à la bibliothèque en ligne de la
Brown university.
L’université de l’Ohio détient ses informations (nom, âge, cursus…). Une
fois que l’étudiant s’est identifié sur le site de son université, il peut
se rendre sur celui d’une autre université, mais c’est alors le logiciel qui
délivre l’information d’identification, informant que l’internaute est un
étudiant de l’université de l’Ohio, sans donner, si ce n’est pas nécessaire,
d’autres informations sur lui (âge, nom…).
Aujourd’hui, dans le monde universitaire, quelques 500 s ites utiliseraient
le système Shibboleth et l’éditeur Reed Elsevier envisage de garantir
l’accès à ses catalogues aux étudiants qui l’utilisent. Dans le cadre de la
Liberty Alliance, le système pourrait bientôt être étendu à d’autres
partenaires privés.