Fed: verdict très attendu de
Bernanke sur l’économie américaine
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Le président de la Fed
Ben Bernanke, le 16 février 2006 au Capitole à Washington
Le président de la Réserve fédérale (Fed) Ben
Bernanke rend jeudi un verdict très attendu sur l’économie américaine, alors
que les marchés cherchent des indices sur les futures hausses de taux.
M. Bernanke s’exprimera jeudi à 10H00 locales
(14H00 GMT) sur la santé de l’économie américaine devant le Comité
économique conjoint du Congrès. C’est la deuxième fois depuis sa prise de
fonction qu’il s’exprimera devant les parlementaires, après son discours
semestriel sur l’économie en février.
Cette fois encore les analystes attendent
beaucoup de son audition, pour comprendre jusqu’où la banque centrale compte
remonter ses taux directeurs.
La semaine dernière, la Fed avait envoyé un
message transparent: lors de leur réunion de mars, les gouverneurs ont
estimé que “la fin du processus de resserrement monétaire était
vraisemblablement proche”.
Cela signifierait que la banque centrale, qui a
commencé en juin 2004 à relever le loyer de l’argent (alors de 1%), a
bientôt fini de relever ses taux.
La plupart des analystes jugent que la Fed va
encore les remonter lors de sa prochaine réunion en mai. Le “Fed funds” sera
alors à 5%.
Ensuite, les avis divergent. Peu habitués à un
langage aussi clair de la part de la banque centrale après 18 années sous la
houlette d’Alan Greenspan, certains prennent la Fed au mot et estiment
qu’elle s’arrêtera à 5%.
D’autres sont plus nuancés et soulignent que la
Fed a elle-même martelé l’importance des indicateurs à venir dans ses
futures décisions sur les taux.
“Le message de la Fed est +ne nous écoutez pas,
regardez l’économie+”, souligne Ethan Harris, chef économiste de Lehman
Brothers pour les Etats-Unis.
Or l’économie semble tourner à plein régime.
Mardi encore, la confiance des ménages et l’immobilier ont donné des signes
de vigueur inattendus.
L’indice de confiance des consommateurs calculé
par le Conference Board a atteint en avril son plus haut niveau en quatre
ans, et les reventes de logements ont encore progressé en mars, alors qu’un
fléchissement était attendu après le fort rebond du mois précédent.
“Les améliorations récentes du marché du
travail ont été l’un des principaux moteurs de la hausse de la confiance
depuis le début 2006”, a souligné Lynn Franco, directrice des recherches sur
les consommateurs au Conference Board.
L’économie américaine a créé 211.000 emplois en
mars, tandis que le taux de chômage baissait à 4,7%.
Les chiffres de la croissance, attendus
vendredi, devraient confirmer cette vigueur. Les analystes tablent sur une
hausse de 4,9% du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre.
Cependant, toute une série d’inconnues pèsent
sur l’économie américaine, à commencer par la hausse des prix du pétrole qui
pourrait amputer sérieusement les dépenses de consommation.
Le marché immobilier semble atterrir en douceur
mais il reste une source d’inquiétude. Les ménages étaient habitués à
emprunter au fur et à mesure que leur logement s’appréciait, et risquent
d’avoir du mal à continuer à dépenser autant une fois les prix stabilisés.
La cherté du pétrole et la résorption du
chômage commencent aussi à rendre certains analystes nerveux pour
l’inflation.
En mars déjà, les prix à la consommation ont
enregistré leur plus forte hausse en un an pour l’indice de base (hors
alimentation et énergie), à +0,3%. Sur un an, ils ont augmenté de 3,4% et de
2,1% pour l’indice de base.
Autre talon d’Achille récurrent de l’économie
américaine, le creusement des déficits (budgétaire et commercial) qui sera
sans doute un thème abordé par le président de la banque centrale.