Hyundai Motor: mandat
d’arrêt demandé contre son patron
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Chung Mong-Koo,
président du groupe Hyundai Motor, le 24 avril 2006 à Séoul
Un procureur sud-coréen a demandé jeudi le
lancement d’un mandat d’arrêt contre Chung Mong-Koo, président du
constructeur automobile sud-coréen Hyundai Motor, pour détournement de fonds
dans le cadre d’un vaste scandale de corruption qui ébranle le deuxième
conglomérat du pays.
Chung, 68 ans, est accusé d’avoir détourné des
millions de dollars pour corrompre des hommes politiques et des responsables
économiques. Il avait été interrogé pendant 15 heures lundi par les
enquêteurs.
La demande du procureur doit être examinée
vendredi par un tribunal de Séoul.
“Nous avons requis un mandat d’arrêt contre le
président Chung (Mong-Koo) à 11H00 (02H10 GMT) pour le détournement de 100
milliards de wons (106 millions de dollars) utilisés comme fonds occultes”,
a annoncé le procureur général Chae Dong-Wook au cours d’un point presse.
Les actions Hyundai Motor ont perdu 3% après
cette annonce.
Le fils et probable successeur du président,
Chung Eui-Sun, sera quant à lui laissé en liberté mais les investigations
sur son éventuelle implication se poursuivront, a précisé le procureur.
Les deux responsables sont soupçonnés d’avoir
constitué une caisse noire via l’une des nombreuses filiales du groupe, pour
s’attirer les grâces du gouvernement, de certains hommes politiques et de
banques.
Fin mars, le directeur général et le
responsable des finances d’une filiale du constructeur ont été arrêtés, la
justice les soupçonnant d’avoir versé des millions de dollars à un lobbyiste
pour que la société obtienne un traitement de faveur.
Kim Jae-Rok, consultant d’affaires qui avait
travaillé en 1997 en tant que conseiller de l’ancien président sud-coréen
Kim Dae-jung, a également été arrêté.
Face au scandale qui a pris une ampleur
nationale, Hyundai Motor a présenté la semaine dernière des excuses
publiques et proposé de verser un milliard de dollars à des oeuvres de
charité.
Plusieurs voix se sont élevées pour appeler la
justice à la modération dans cette affaire afin de ne pas compromettre la
santé d’un groupe et d’un secteur qui pèsent lourd dans l’économie du pays.
L’automobile contribue pour 10% au produit
intérieur brut et fournit 11% des emplois, a rappelé le journal Chosun Ilbo.
Les juges “ne peuvent perdre de vue le statut et l’importance de Hyundai
Motor pour notre économie,” a affirmé le journal.
Le procureur Chae a fait valoir que “la Corée
du Sud (devait) assurer la transparence et la crédibilité de ses entreprises
afin de devenir un pays avancé”.