L’Etat cède sa part d’Alstom
et empoche 1,26 milliard d’euros de plus-value
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Les PDG de Bouygues,
Martin Bouygues (d), et d’Alstom, Patrick Kron, lors d’une conférence
de presse à Paris le 27 avril 2006
Deux ans après avoir sauvé de la faillite
Alstom, l’Etat sort du capital du groupe industriel français conformément
aux exigences de la Commission européenne et tout en jouant la carte du
patriotisme économique, en vendant sa part à Bouygues.
L’Etat français, qui avait jusqu’à juillet 2008
pour se désengager d’Alstom, empoche au passage une plus value de 1,26
milliard d’euros, a indiqué jeudi le ministère des Finances.
Bouygues va débourser 1,98 milliard d’euros
pour les 21,03% de l’Etat en payant chaque action 68,21 euros. L’Etat avait
payé 720 millions d’euros cette participation.
Les PDG Martin Bouygues et Patrick Kron, qui
ont “commencé à flirter” à la fin de l’année dernière, ont estimé jeudi lors
d’une conférence de presse commune que Bouygues et Alstom étaient
“culturellement extrêmement compatibles”. Ils n’ont toutefois pas chiffré
les éventuelles synergies.
“Nous pensons que si Alstom peut beaucoup
apporter à Bouygues, Bouygues peut apporter beaucoup à Alstom”, a simplement
déclaré déclaré M. Bouygues.
Martin Bouygues a en outre estimé que la
présence de son groupe dans le capital d’Alstom était “gage de stabilité”
pour Alstom, Bouygues ayant pris l’engagement de conserver les titres Alstom
pendant une durée minimale de trois ans. Toutefois, il a précisé qu’il ne
projetait pas de prendre le contrôle d’Alstom et donc de monter dans le
capital au-delà des 33%.
Pour Patrick Kron, l’arrivée de Bouygues,
“actionnaire et partenaire”, est “un moyen de mettre un point final à une
période troublée et d’accompagner le développement du groupe”.
Les deux hommes ont également tenu à rassurer
les marchés. M. Bouygues a assuré que sa trésorerie disponible lui
permettait “de faire face à cet investissement”, sans augmentation de
capital et sans mettre en danger ses notes de solvabilité.
Patrick Kron a souligné quant à lui que les
résultats annuels du groupe, attendus le 17 mai, seront conformes aux
objectifs annoncés: en particulier des ventes en hausse de plus de 7% (à
périmètre comparable) et un bénéfice net supérieur à 150 millions d’euros.
Au-delà de cette prise de participation, les
deux groupes ont décidé de créer une société commune sur le marché des
centrales hydroélectriques afin de développer “des projets intégrés en
proposant des solutions combinant le génie civil de Bouygues et les
équipements d’Alstom”.
Alstom apportera la totalité de son activité
hydroélectrique à cette société, dans laquelle Bouygues prendra une
participation de 50%.
Ce montage permettra à Alstom, leader mondial
des équipements de production d’électricité hydraulique et qui réalise près
d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires dans ce secteur, de respecter un
autre engagement envers Bruxelles.
En avril 2004, Bruxelles avait accepté que
l’Etat français achète 21,03% du capital d’Alstom, dans le cadre d’un plan
de sauvetage du groupe, alors au bord de la faillite.
Mais cette prise de participation avait été
accordée en échange de cessions d’actifs représentant 10% du chiffre
d’affaires du groupe et à la condition que l’Etat sorte du capital d’ici
juillet 2008.
La Commission avait également exigé qu’Alstom
noue des partenariats dans les 4 ans.
Cette annonce a été favorablement accueillie à
la Bourse de Paris où les deux titres étaient en hausse.
Vers 11H30 GMT (13H30 à Paris), Bouygues
progressait de 1,02% à 43,40 euros et Alstom gagnait 3,37% à 72,15 euros
dans un marché boursier parisien en baisse de 1,30%.