Arcelor réunit ses
actionnaires alors que l’OPA de Mittal patine
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Le PDG d’Arcelor Guy
Dollé, le 23 mars 2006 à Paris lors d’une conférence de presse avec
ses actionnaires
Le géant de l’acier Arcelor réunit vendredi à
Luxembourg ses actionnaires qui devraient faire entendre leurs voix sur le
projet d’OPA hostile de son concurrent Mittal qui tarde à se concrétiser,
mais aussi sur la défense du sidérurgiste européen.
L’ordre du jour officiel de l’assemblée
générale d’Arcelor est sans surprise pour ce type de rendez-vous
(renouvellement des administrateurs, approbation des comptes) mais “des
coups de théâtre ou des prises de positions ne sont pas exclus”, estime une
source proche du dossier.
Résistant coûte que coûte à l’offensive de son
assaillant, Arcelor n’a cessé de gâter ses actionnaires depuis trois mois en
leur offrant un super-dividende de 1,85 euro par action et la promesse de
leur verser 5 milliards d’euros supplémentaires.
Le groupe franco-hispano-luxembourgeois a aussi
fait miroiter à ses actionnaires la perspective de 4,4 milliards d’euros de
trésorerie disponible par an jusqu’en 2008.
Arcelor a quelque 84% de son capital en Bourse,
dont la plus grande partie est contrôlée par des actionnaires
institutionnels en Europe et aux Etats-Unis.
Les deux patrons rivaux Guy Dollé et Lakshmi
Mittal s’étaient targués en mars du soutien de la majorité d’entre eux.
Mais jusqu’ici peu d’actionnaires se sont
exprimés officiellement, tant sur le projet de fusion de Mittal que sur la
riposte d’Arcelor.
Seul le fonds spéculatif américain Atticus
Capital – qui détenait début mars 1,05% d’Arcelor et 1,37% de Mittal – avait
appelé le sidérurgiste européen à accepter d’examiner l’offre de son
concurrent qui le valorise à au moins 18,6 milliards d’euros.
Plus critique sur la défense d’Arcelor,
l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) avait fustigé
la mise à l’abri du sidérurgiste canadien Dofasco, qu’Arcelor vient
d’acheter, dans une fondation aux Pays-Bas afin de le protéger de l’appétit
de Mittal.
De son côté, l’association française pour la
promotion de l’actionnariat individuel (Apai) estime dans une tribune parue
mercredi dans Les Echos qu'”il subsiste encore sur ce dossier beaucoup
d’incertitudes qui, nous le souhaitons, devraient être levées à l’AG du 28
avril”.
En attendant, le projet d’OPA de Mittal patine.
L’offre devrait être ouverte dans “la première
quinzaine de mai”, a indiqué mercredi un des porte-parole de Mittal à Paris,
soit avec environ un mois de retard par rapport aux premières déclarations
de son PDG.
Numéro un mondial du secteur, Mittal a
plusieurs fois décalé le calendrier de son OPA. Il espérait initialement la
lancer officiellement début avril.
Mittal attend les feux verts des gendarmes
boursiers des pays européens où Arcelor est coté (Luxembourg, Belgique,
Espagne, France). Ces autorisations devraient être délivrées avant la
mi-mai, a dit mardi la Commission luxembourgeoise de surveillance du secteur
financier (CSSF).
Mittal négocie aussi avec les autorités de la
concurrence aux Etats-Unis.
Le porte-parole de Mittal a nié que le retard
accumulé soit lié à des “blocages” avec les diverses autorités de
régulation, comme l’affirme mercredi Le Parisien sans citer de sources.
“Le +timing+ n’est pas anormal pour une
opération de cette envergure”, a-t-il estimé.
Le PDG de Mittal Steel a concédé de son côté
que l’offensive sur Arcelor était plus difficile et plus longue qu’il ne
l’avait envisagé, dans une interview à l’International Herald Tribune
publiée vendredi.
“Oui c’est plus difficile que ce à quoi je
m’attendais. Le processus prend plus de temps que je ne l’avais imaginé”, a
déclaré Lakshmi Mittal.
“Nous avons dit à Arcelor que nous étions prêts
à négocier amicalement mais cela n’a pas pu se faire”, a-t-il ajouté.
