USA: forte croissance au
premier trimestre et la bonne santé devrait durer
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Consommateurs dans un
magasin aux Etats-Unis
La croissance américaine a vivement accéléré au
premier trimestre, à 4,8% en rythme annuel, et cette bonne santé devrait se
maintenir même si un ralentissement est prévisible.
La hausse du produit intérieur brut (PIB),
annoncée vendredi par le département du Commerce, est à peu près conforme
aux prévisions des analystes, qui tablaient sur 4,9%. Il faut remonter au 3e
trimestre 2003 pour trouver une croissance plus élevée.
“Il est clair qu’une grande partie de cette
vigueur représente un rattrapage après un quatrième trimestre
particulièrement faible”, souligne Ethan Harris, chef économiste de Lehman
Brothers pour les Etats-Unis. Mais “la dynamique reste forte pour l’avenir”,
ajoute-t-il.
Comme d’habitude, la croissance a été portée au
premier trimestre par un formidable appétit de consommation (+5,5%), les
Américains achetant massivement des biens durables comme des voitures ou des
réfrigérateurs par exemple.
Les dépenses publiques ont bondi à l’heure de
la guerre en Irak et de la reconstruction post-Katrina, et les entreprises
ont aussi apporté leur pierre à la croissance en investissant massivement
(+14,3%).
Un tel scénario est peu à même de se
reproduire.
“Je prévois une certaine modération de la
croissance, même si elle va rester vigoureuse pendant un moment”, a commenté
le secrétaire au Trésor, John Snow, sur la chaîne de télévision CNBC.
Les consommateurs notamment risquent de
s’essouffler avec la flambée des prix du pétrole et la hausse des taux
d’intérêt.
“Nous ne reverrons pas de sitôt un rythme de
4,8%, il faut plutôt tabler sur 3,8% pour le deuxième trimestre”, souligne
Ethan Harris.
Cela reste une croissance très vigoureuse, à
faire pâlir d’envie la plupart des pays européens.
En effet une conjonction de facteurs prépare le
terrain à une expansion robuste.
“L’investissement des entreprises rebondit et
la vigueur des exportations est un signe du raffermissement de l’économie
mondiale”, note Sal Guatieri de BMO Financial Group.
Le faible niveau des stocks des entreprises
aussi augure bien de la croissance à venir: il va falloir produire plus pour
les regarnir, et c’est autant pour la hausse du PIB.
Jeudi, le président de la Réserve fédérale (Fed)
Ben Bernanke s’était dit confiant pour la croissance tout en avertissant
qu’un ralentissement était probable.
Il avait aussi évoqué l’idée d’une pause dans
le cycle de hausse du taux directeur, aujourd’hui fixé à 4,75%, le temps
pour la banque centrale de prendre un peu de recul sur l’effet de sa
politique de resserrement monétaire.
Après son discours, les chiffres du PIB n’ont
pas changé grand chose aux attentes des analystes, dont beaucoup prévoient
une pause dès la réunion de la Fed en juin.
Sur le front de l’inflation ainsi, le rapport
révèle un ralentissement de la hausse des prix “et c’est une bonne nouvelle,
qui plaide pour une pause dans le cycle de resserrement monétaire”, note
John Lonski de Moody’s Investors Service.
L’économiste s’attend à deux nouvelles hausses
de taux en mai et en juin.
D’autres économistes cependant vont plus loin,
en soulignant qu’à 2% le taux d’inflation le plus suivi de la Fed se
rapproche dangereusement de la limite acceptable pour la banque centrale.
“Les marchés spéculent sur un arrêt en juin.
C’est à mon avis improbable, surtout si nous avons de bons chiffres” par
exemple sur le chômage, indique M. Harris. Lui table sur deux hausses en mai
et juin, une pause en août et un nouveau tour de vis monétaire en septembre.