L’aviation d’affaires en
effervescence à Genève après un grand cru 2005
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Un Falcon 2000
Le salon européen de l’aviation d’affaires
EBACE, qui commence ce mercredi et se tient jusqu’au 5 mai de Genève,
s’ouvre dans l’effervescence après une année 2005 faste pour le secteur, qui
s’élargit à de nouveaux segments de marché avec l’apparition des “jets de
poche”.
Le redressement du trafic mondial amorcé depuis
2004 après trois années de crise profonde a profité aux grands avionneurs
mondiaux, Boeing et Airbus, mais aussi aux acteurs de l’aviation d’affaires,
qui ont livré 750 jets l’an dernier à l’échelle mondiale, soit un bond de
27% par rapport à 2004.
Les perspectives à long terme restent
alléchantes: selon le motoriste américain Howeywell, 8.300 avions d’affaires
trouveront preneur entre 2004 et 2014.
Les carnets de commandes des principaux
constructeurs ne démentent pas ces projections.
Le canadien Bombardier, numéro un mondial du
secteur en terme de chiffre d’affaires, a profité en 2005 d’une demande
“solide” avec des livraisons en hausse de 45% et des commandes en
progression de 36%, à 210 avions.
Le français Dassault Aviation a quant à lui
enregistré un record “historique” de 123 commandes pour sa gamme Falcon en
2005.
Selon son président, Charles Edelestenne, le
marché est soutenu par “la bonne santé de l’économie américaine et plus
généralement des économies occidentales, le fort développement de la demande
en Europe de l’Est et sur le marché russe, ainsi que la relative faiblesse
du dollar par rapport à l’euro, qui continue de faire baisser le prix des
jets pour les clients européens”.
“L’an dernier, plus de 50% des commandes de
Falcon provenaient de l’extérieur des Etats-Unis, et cette tendance se
confirme en 2006”, renchérit le PDG de Dassault Falcon Etats-Unis, Jean
Rosanvallon.
Ce vent favorable a particulièrement profité au
dernier-né de la gamme Falcon, le triréacteur de luxe 7X, vendu aux
alentours de 40 millions de dollars et capable de franchir d’une traite
Genève-Los Angeles.
L’appareil, dont les livraisons débuteront en
avril 2007, “a franchi la barre des 80 commandes fermes, et la demande reste
soutenue au premier trimestre 2006, ce qui maintient nos délais de livraison
à quatre ans”, commente M. Edelstenne.
Porté par le succès de ses Falcon, Dassault
Aviation étudie aujourd’hui les options qui s’offrent à lui pour lancer un
nouvel appareil, indique son président. De l’avis des spécialistes, le
groupe français, présent exclusivement dans le haut de gamme à long rayon
d’action, pourrait décider d’élargir son offre avec un jet “milieu de
gamme”.
Aux côtés des avions d’affaires de plus de 20
millions de dollars se développe par ailleurs un créneau prometteur: celui
des “microjets” légers et ultra-légers de 5 à 6 places, aisément pilotables,
dont le tarif oscille entre 1 et 3 millions de dollars.
Les Etats-Unis font figure de précurseurs, avec
le Citation Mustang de Cessna (2 millions de dollars) ou l’Eclipse 500,
vendu 1 million de dollars et déjà commandé à 2.600 exemplaires.
Selon les autorités américaines de l’aviation
civile (FAA), 4.500 jets de poche voleront aux Etats-Unis d’ici à 2016.
Le brésilien Embraer, qui vient de lancer deux
modèles sur ce segment, destinés notamment aux propriétaires de vastes
exploitations agricoles, estime qu’il existe aussi des débouchés en Europe.
“Sur les 1.800 livraisons de jets d’affaires
prévues en Europe sur les dix prochaines années, 38% seront des microjets”,
estime le président de la branche aviation d’affaires d’Embraer, Luis Carlos
Affonso.
Sur le Vieux continent, le constructeur
autrichien Diamond propose déjà un monoréacteur de 5 places à 800.000
dollars.