Face au Nasdaq, Euronext
jette l’éponge dans la course au rachat du LSE
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Combo représentant le
drapeau de la Deutsche Börse, à Francfort, et des employés d’Euronext
à Paris.
Le groupe boursier paneuropéen Euronext a jeté
l’éponge mercredi dans la course au rachat de la Bourse de Londres après
l’entrée en force dans le capital du London Stock Exchange (LSE) de
l’américain Nasdaq, préférant privilégier ses discussions avec l’allemand
Deutsche Börse.
Euronext, opérateur des places de Paris,
Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, a annoncé qu’il renonçait à son projet de
fusion avec le LSE, en invoquant “l’acquisition par le Nasdaq d’une part de
15%” dans la Bourse de Londres.
Parallèlement, le groupe a indiqué poursuivre
“des discussions actives” avec Deutsche Börse, l’opérateur de la Bourse de
Francfort, et “d’autres parties”, afin d'”identifier la transaction
disponible la plus attractive et la plus créatrice de valeur”.
Euronext souhaite poursuivre ces discussions
“rapidement” et soumettre “aussi vite que possible l’issue de ses
négociations à ses actionnaires”, a-t-il précisé dans un communiqué.
Interrogé par l’AFP, Deutsche Börse s’est
refusé à tout commentaire.
L’annonce d’Euronext n’a pas surpris. “Avec
l’entrée dans le capital du LSE du Nasdaq, il était clairement devenu
difficile pour Euronext de prendre le contrôle du LSE sans entrer dans une
bataille de surenchère avec le Nasdaq”, commente Elie Darwish, analyste chez
Exane BNP Paribas.
“Il paraissait difficile de se situer dans une
logique de rachat” après l’envolée du cours de l’action LSE qui a suivi
l’opération du Nasdaq, abonde Pierre Flabbée, chez Kepler Equities.
La Bourse électronique américaine a en effet
frappé un grand coup en avril en achetant 14,99% du capital du LSE pour
1.175 pence par action. Un prix supérieur de 225 pence à sa première offre
de mars, rejetée par la Bourse de Londres. Mercredi, le Nasdaq s’est même
offert 3,71% supplémentaires. Il détient désormais 18,7% du capital du LSE.
De son côté, Euronext ne s’est jamais risqué à
faire une offre formelle, mais les analystes étaient nombreux à estimer
qu’il serait prudent de ne pas dépasser les 800 pence.
Son annonce de mercredi confirme par ailleurs
l’influence des actionnaires, notamment les fonds anglo-saxons, qui ont
rapidement affiché leur réticence, voire leur désaccord, vis-à-vis d’une
possible fusion Euronext/LSE, et continuent de plaider pour un rapprochement
avec Deutsche Börse.
Un de ces actionnaires, la société Winchfield
Holdings, a proposé un vote le 23 mai lors de l’assemblée générale sur le
principe qu’une fusion entre Deutsche Börse et Euronext serait “dans les
meilleurs intérêts de tous les actionnaires d’Euronext”.
“Certainement une option sérieuse”, a reconnu
le groupe. Mais Euronext se doit, vis-à-vis de ses actionnaires, d’examiner
“toutes les options” disponibles, a-t-il fait valoir, leur conseillant de
voter contre la résolution de Winchfield.
Dans ce contexte, les mois prochains pourraient
être “une période un peu critique où les actionnaires vont exprimer
clairement leurs attentes”, avance un analyste parisien.
Craignant une hausse des tarifs dans la foulée
d’une éventuelle consolidation du paysage boursier européen, les entreprises
actionnaires et utilisatrices des services d’Euronext s’organisent.
Des grandes banques actionnaires du groupe
paneuropéen se sont alliées ce printemps en signant un pacte, tandis que le
Medef, Paris Europlace et l’Association française des entreprises privées
lançaient un appel à la Commission européenne pour qu’elle “joue un rôle
central” dans l’encadrement d’une éventuelle consolidation.
Le titre Euronext a terminé la séance de
mercredi en hausse de 2,48% à 72,40 euros à la Bourse de Paris, tandis qu’à
Londres l’action LSE engrangeait 2,18% à 1.244 pence et qu’à Francfort,
Deutsche Börse reculait de 0,54% à 112,77 euros.$