Téléviseurs exposés au
salon de la réception numérique à Paris en mars 2005
Jacques Chirac va installer jeudi le comité stratégique pour le numérique
qui sera chargé d’accélérer le passage de la télévision analogique au
numérique d’ici à 2011, un enjeu économique et culturel qui se chiffre en
dizaines de milliards d’euros.
Le chef de l’Etat “va jeter les bases d’un grand projet numérique pour la
France qui nous permettra de rester dans la course”, par rapport à des pays
en pointe comme la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Italie, a-t-on
assuré dans son entourage.
La télévision n’est actuellement qu'”au début de la révolution numérique”,
les deux-tiers des Français recevant encore en analogique, via une antenne,
les seules six chaînes hertziennes.
L’objectif est de permettre à tous les Français, dans un délai de cinq ans,
de passer au numérique, ce qui leur permettra de recevoir trois fois plus de
chaînes, avec un son et une image de qualité très supérieure.
Cela supposera un investissement minimum : l’achat d’un adaptateur dont les
prix devraient baisser de cinquante à une vingtaine d’euros. Mais pour aider
les personnes les plus démunies à s’équiper, l’Etat va créer un fonds
d’accompagnement du numérique, doté en 2006 de 15 millions d’euros. A terme,
il devrait disposer d’un budget de 100 à 150 M d’EUR sur cinq ans, auquel
contribueront régions et industriels.
Une des difficultés sera d’assurer une couverture aussi complète du
territoire que celle offerte aujourd’hui par l’analogique, soit plus de 90%
des foyers.
Ce basculement à l’analogique va libérer des fréquences hertziennes, une
véritable pépite très convoitée par les opérateurs de télécoms et les
groupes audiovisuels. Car cela permettra notamment d’accroître la mobilité
(par exemple réception de la télévision sur PC et téléphones portables) et
l’interactivité avec le téléspectateur, des marchés en pleine expansion.
En préalable, le gouvernement devra se coordonner avec les voisins européens
de la France et modifier la loi sur l’audiovisuel de 1986. Un projet de loi
en ce sens devrait être présenté cet été en Conseil des ministres pour être
discuté à l’automne par le Parlement.
Le comité stratégique sera présidé par le Premier ministre et comprendra les
ministres de la Culture, de l’Industrie et de l’Aménagement du territoire,
ainsi que trois personnalités qualifiées.