Economie : Paris veut sa part du «Golfe»

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paris040506.jpgJusqu’ici focalisée sur le
Maghreb, la France veut aujourd’hui développer sa présence dans les pays du
Golfe. Et s’interroge sur les moyens d’y parvenir. «La région du Golfe est
importante pour la France et l’Union européenne, peut-être plus que pour les
Etats-Unis. Cela en raison du pétrole et des répercussions des crises dans
la région en Europe. Or, on a l’impression que les responsables français ne
perçoivent pas cette importance ou n’en tirent pas toutes les conséquences.
La France est souvent absente d’un point de vue économique et les
entreprises françaises sont loin d’être conquérante».

Ce diagnostic réaliste de l’Etat de la présence française dans le Golfe est
signé Alain Gresh, journaliste du «Monde diplomatique» et l’un des meilleurs
spécialistes du monde arabe, intervenu en ouverture du colloque «La place de
la France dans les pays du Golfe» : une coopération à repenser», tenu le 28
avril 2006 au Sénat à Paris, à l’initiative du «Cercle Stratégia». Cette
manifestation à laquelle participait des personnalités politiques,
économiques et culturelles françaises, des cinq pays du Conseil de
Coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït,
Oman et Qatar) et d’Iran, devait répondre à une question : la France
peut-elle percer dans la région et comment devra-t-elle s’y prendre pour y
parvenir.

Exprimant la problématique de manière plus crue, d’un point de vue français
-«comment la France doit-elle faire pour contrôler des gisements pétroliers
et miniers exploités pour la plupart par les Etats-Unis et des pays
alliés»-, maître Ardavan Amir Aslani estime qu’il y a «une fenêtre
d’opportunités» pour la France dans la région du Golfe en raison du malaise
qu’y ont provoqué certaines politiques et mesures de Washington -dont le
veto imposé par l’administration Bush au rachat de la société gérant les
ports américains par la société émiratie DP World.

Pour que la France puisse profiter de ce «vide» consécutif aux «difficultés
des Etats-Unis dans la région», l’avocat parisien suggère de mener «une
guerre pour la reconquête des esprits» par le biais de la formation des
élites qui «conditionne la conquête des marchés». Or, la difficulté
d’obtenir un visa ne permet pas aux jeunes des pays du Golfe de «venir en
France pour réaliser qu’il y a une alternative aux Etats-Unis».

La France peut également consolider sa présence dans le Golfe, explique Me
Aslani, en oeuvrant à attirer les capitaux qui, depuis l’après-septembre
2001, quittent les Etats-Unis. «Si la France et l’Europe n’offrent pas un
refuge à cet argent, il ira en Asie», prévient l’avocat. La France devra
aussi faire des efforts dans un autre domaine si elle veut s’offrir les
portes du Golfe. «Autant nous aimons la France», affirme Dr Youssef Hassan,
professeur à l’Institut de Diplomatie d’Abu Dhabi, autant on lui reproche de
ne rien faire pour changer «les stéréotypes à propos des Arabes, notamment
dans les manuels scolaires».

Autre reproche de l’universitaire émirati : l’absence d’échanges culturels
et éducatifs», à propos desquels le Professeur Hassan constate que les
Français «traduisent des œuvres d’auteurs maghrébins», alors qu’«aucune
maison d’édition française n’a pris l’initiative de dévoiler la région du
Golfe» sur ce plan. L’universitaire salue néanmoins l’ouverture à Dubai
d’une antenne de la Sorbonne «grâce à des investissements du gouvernement
des Emirats».

Last but not least, le responsable émirati demande à la France, qui fait les
yeux doux aux capitaux du Golfe, pour les attirer, d’accepter de leur ouvrir
«les centres de recherche et les secteurs économiques stratégiques».