Hollywood concède perdre 6,1 milliards de dollars par an à cause du piratage

Par : Autres

 

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Un homme regarde des
DVD piratés, au Salvador le 1er mars 2006

Les grands studios de cinéma d’Hollywood ont reconnu perdre environ 6,1
milliards de dollars par an dans le monde entier à cause du piratage de
leurs films, en dévoilant à contre-coeur les résultats d’une enquête
détaillant l’ampleur catastrophique du phénomène.

 

L’Association du cinéma américain (MPAA), défenseur des intérêts des grands
studios de cinéma, citait jusqu’à présent des chiffres bien inférieurs, avec
3,5 milliards de pertes reconnues en 2004.

 

Mais selon le Wall Street Journal, qui a dévoilé mercredi les résultats de
cette enquête, ceux-ci ont fait l’effet d’un tel coup de tonnerre dans le
club des lobbyistes de la capitale du cinéma que ses membres avaient décidé
de ne pas les publier.

 

“Pendant des mois, des membres de la MPAA ont débattu sur l’opportunité de
divulguer ces informations. Certains studios ont fait valoir que publier ces
chiffres aiderait le secteur à obtenir une réglementation plus stricte, mais
d’autres ont dit qu’ils étaient si mauvais qu’ils porteraient atteinte à
leur valeur en bourse et ridiculiserait leur lutte” contre le piratage, a
affirmé le WSJ.

 

Menée par la société de consultats LEK, selon des méthodes plus précises que
les précédentes enquêtes pour la MPAA, l’étude a déterminé que le piratage
sous toutes ses formes coûtait 1,3 milliard de dollars par an aux grands
studios rien qu’aux Etats-Unis, 483 millions au Mexique, 266 en Russie et
253 en Espagne, pour un total de 6,1 milliards de dollars dans le monde.

 

Les pirates européens contribueraient quant à eux à environ 2 milliards de
dollars de pertes pour Hollywood.

 

Les 6,1 milliards de pertes se décomposent en 2,4 milliards dus à la
contrefaçon, 1,4 milliard dû à la copie illégale, tandis que les 2,3
milliards restants sont le résultat du piratage des films sur l’internet, a
indiqué la MPAA dans un communiqué finalement rendu public mercredi
après-midi.

 

Les chiffres précédemment publiés par la MPAA affirmaient que le piratage
avait coûté quelque 3,5 milliards de dollars au secteur du cinéma en 2004.
L’estimation pour 2005 était de 5,4 milliards.

 

Les nouveaux chiffres prennent en compte tant le manque à gagner né de la
chute de la fréquentation des salles due au piratage, que celui causé par
les DVD non vendus, l’une des sources de préoccupation récentes des pontes
d’Hollywood.

 

L’enquête, sur 18 mois, s’est intéressée à 28 pays et sa réalisation a coûté
trois millions de dollars.

 

Le pirate de films type est un homme âgé de 16 à 24 ans, et vit en ville,
tandis que ce sont les étudiants américains, sud-coréens et hongrois qui
contribuent le plus aux pertes de Hollywood dans chacun de leurs pays, a
précisé la MPAA.

 

Le chef de la MPAA a affirmé que “cette enquête va nous permettre d’analyser
mieux (la situation) et de concentrer nos efforts sur la lutte contre le vol
de films”.

 

“Nous appelons les gouvernements du monde entier à continuer à travailler
avec nous pour limiter l’impact du piratage sur les économies locales et
l’industrie du cinéma. Les films sont un produit doté d’une valeur et la
propriété intellectuelle doit être respectée”, a poursuivi Dan Glickman.

 

Les résultats de cette enquête tombent mal pour M. Glickman, arrivé à la
tête de l’Association du cinéma américain en septembre 2004, et qui a fait
de la lutte anti-piratage sa croisade.

 

La MPAA réunit les studios Paramount, Sony, Warner Bros, Metro-Goldwyn-Mayer,
Universal, Walt Disney et 20th Century Fox, sociétés qui réalisent
l’écrasante majorité des entrées en salles aux Etats-Unis.

 

 

©
AFP 2006

Photo : Yuri Cortez