Une personne regarde
des écrans de télévision dans le magasin Conforama, le 27 septembre
2005 à Paris
Les professionnels de la high-tech, qu’ils viennent du monde de la
télévision ou de celui de la téléphonie, misent pour doper leurs ventes en
2006 sur l’engouement suscité par la Coupe du monde de football organisée en
Allemagne du 9 juin au 9 juillet.
Que ce soit pour vendre des écrans plats, de la télévision haute définition
(TVHD) ou de la télévision sur téléphone mobile, la Coupe du monde sera “le
rendez-vous à ne pas manquer” pour les industriels, estime Paul Jackson,
analyste des produits médias et du marketing au cabinet Forrester.
L’enthousiasme est donc de mise: “Le marché européen sera dopé par la Coupe
du monde de football”, estime le PDG de Sharp Europe, Hans Kleis. Le groupe
d’électronique japonais table sur le doublement, en volume, de ses ventes de
téléviseurs LCD en Europe en 2006 et sur un marché mondial à 36 millions
d’exemplaires en 2006, contre 20 millions en 2005.
“Les années de Coupe du monde sont toujours des années de forte croissance
des ventes de téléviseurs ou des accessoires qui vont avec, comme les
lecteurs de DVD”, explique Philippe Poels, président du syndicat
professionnel du secteur en France, le Simavelec.
En France, pays-hôte du Mondial en 1998, le secteur avait alors connu “une
croissance de plus de 10%”: “Il avait retrouvé beaucoup de dynamisme, qu’il
a gardé après pendant deux ou trois ans”, selon M. Poels.
D’où une profusion de lancements: Sharp présentera une cinquantaine de
nouveaux produits, presque tous prévus sur le marché avant juin, dont un
téléviseur numérique portable, “pour regarder les matches dans son jardin”.
Philips, sponsor officiel de la compétition, lancera aussi “une nouvelle
gamme de produits synchronisés avec la Coupe du monde”, a expliqué à l’AFP
Rudy Provoost, directeur de la branche électronique grand public du groupe
néerlandais. “Grâce à notre investissement dans un tel partenariat, nous
espérons bien gagner des parts de marché”, a-t-il indiqué, prédisant “une
accélération des ventes d’écrans plats” et “le coup d’envoi de la télévision
haute définition”.
Mais “si par le passé les grands événements sportifs ont pu accélérer
l’adoption de la télévision par les consommateurs, là c’est plus
problématique”, tempère l’analyste Paul Jackson, citant les prix élevés et
les défis technologiques à relever. “Même si les prix baissent, les
téléviseurs plasma de bonne taille sont encore bien au-dessus de 1000 euros:
est-ce que les fans de football seront prêts à payer pour ça?”, se
demande-t-il.
De même, alors que la Coupe du monde sera le premier événement majeur
entièrement filmé en 16/9e et en HD, la majorité des téléspectateurs
européens, contrairement à leurs homologues américains ou japonais, ne
pourra sans doute pas en profiter.
En France, seuls les abonnés à Canal+ et TPS pourront acheter un décodeur
(“box”) qui leur permettra de recevoir ce nouveau type de télévision, la
technologie pouvant passer par le satellite mais pas encore par voie
terrestre.
Enfin, quant à voir ou revoir les meilleures actions du match sur son
téléphone mobile, ce sera possible. Mais pour regarder l’action en direct,
là aussi, dans la plupart des pays d’Europe, il faudra attendre: hormis en
Allemagne, où les clients de Deutsche Telekom pourront suivre en direct 20
des 64 matches du tournoi, la technologie ne sera pas prête avant le second
semestre.