Le
feuilleton de la privatisation partielle de Tunisie Télécom est loin d’être
finie. Dans un communiqué rendu public, lundi 8 mai 2006, le gouvernement
annonce que les recettes de la privatisation partielle de l’opérateur public
seront consacrées, aux deux tiers, au remboursement, avant échéance, de la
dette publique extérieure. Le reliquat sera affecté au financement de grands
projets d’infrastructure, ajoute la même source.
Au mois de juillet 2005, le chef de l’Etat avait annoncé que le tronçon
autoroutier Oued Zarga–Bousalem sera financé en partie par les recettes des
privatisations.
Pour mémoire, le consortium émirati «Técom-Dig» avait remporté, fin mars
dernier, le marché de la cession partielle (35%) du capital de Tunisie
Télécom pour la coquette somme de 3,052 milliards de dinars. La nouveauté
ici réside dans la décision des pouvoirs publics d’affecter une partie des
recettes de cette privatisation au remboursement de la dette publique
extérieure.
Cette décision va satisfaire particulièrement deux institutions partenaires
de la Tunisie : le Fonds International Monétaire (FMI) et l’Agence de rating
Standard and Poor’s. Dans sa «revue pays» 2004, le FMI a prévu, pour 2005,
un montant de la dette de l’Etat approximativement égal aux prévisions
établies par les autorités tunisiennes, environ 58% du PIB.
En revanche, les prévisions du Fonds, pour 2006, tablent sur une
augmentation de ce taux. La dette pourrait représenter 60,4% du PIB,
nettement au dessus des 54,7% souhaitées par les mêmes prévisions du FMI.
C’est pourquoi, le Fonds a recommandé au gouvernement tunisien d’affecter
une partie des recettes de la privatisation partielle de Tunisie Télécom au
remboursement de la dette publique extérieure.
Une telle décision permettra aux Tunisiens d’approcher le niveau de 55% visé
pour fin 2006. Pour sa part, l’agence de notation Standard & Poor’s relève
dans son dernier rapport sur la Tunisie que le niveau d’endettement de
l’Etat tunisien reste largement supérieur à la médiane des pays de la strate
BBB, et que l’endettement net total du secteur public pourrait atteindre
70,3 % du PIB fin 2006, contre 46,6% pour la médiane des pays notés «BBB».
Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si le programme présidentiel «pour la
Tunisie de demain», tableau de bord de l’économie tunisienne, s’est fixé
pour objectif, à l’horizon 2009, d’atteindre un niveau d’endettement de
l’ordre de 46,5% du PIB.
La Banque mondiale fait une analyse similaire à celle de Standard and
Poor’s. Théodore Ahlers, directeur du département Maghreb à la Banque
mondiale estime, lui, l’encours de l’endettement à 62% du PIB et le qualifie
de «relativement élevé par rapport à des pays concurrents».
Selon des statistiques fournies par la Banque centrale de Tunisie (BCT), la
dette publique extérieure de moyen et long terme (MLT) est estimée, fin
2004, à 19,2 milliards de dinars dont 68,7% sont contractés par
l’administration tunisienne, 23,5% par les entreprises publiques et 7,8% par
les entreprises privées.
Depuis 2000, l’endettement extérieur n’a cessé de croître, du fait, entre
autres, de l’effet change, responsable, selon des analystes, de 22% de cette
hausse.
La dette extérieure de MLT de la Tunisie est répartie à parts égales entre
bailleurs bilatéraux (30,5% du total), multilatéraux (38,2%) et marchés
financiers (31,3%). La France est le premier bailleur bilatéral avec 11,6%
du total, devant le Japon (5,8%), l’Allemagne (3,3%), les Etats-Unis (2,6%)
et l’Italie (1,9%). Viennent ensuite les multilatéraux avec la Banque
africaine de développement (BAD) au premier rang (12,2%) de l’encours total.
Elle est talonnée par la Banque mondiale (11,6%), la Banque européenne
d’investissement (BEI, 7,9%), le Fonds arabe de développement économique et
social (FADES, 4,2%).
Quant à la dette publique extérieure tunisienne, composée de près de 60% de
fonds d’origine publique, est libellée, jusqu’à fin 2004, au taux de 53,5%
en euros, 21,5% en dollars, 17,6% en yen japonais, 4,6% en dinars koweitiens
et 2,6% dans d’autres devises.