Mittal cherche en François Pinault le sésame pour Arcelor

Par : Autres

 

Mittal cherche en François
Pinault le sésame pour Arcelor

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L’homme d’affaires
François Pinault, le 8 juin 2005 à Venise

Le PDG de Mittal Steel, Lakshmi Mittal, qui
tente depuis janvier de mettre la main sur Arcelor, veut faire entrer
l’homme d’affaires François Pinault dans son conseil d’administration, pour
tenter d’obtenir un soutien français de poids dans sa délicate OPA.

 

M. Pinault, un des hommes les plus riches et
les plus influents de France, proche de Jacques Chirac, contrôle la holding
Artemis. Il est l’ancien patron du groupe de luxe et de distribution
Pinault-Printemps-Redoute (PPR).

 

La “grande connaissance du monde européen des
affaires” de M. Pinault “sera précieuse à Mittal Steel à mesure de son
évolution”, a affirmé mardi M. Mittal lors d’une conférence de presse à
Londres.

 

Mais au delà des mots, M. Mittal espère surtout
que l’arrivée de M. Pinault comme administrateur l’aidera à désamorcer
l’hostilité déclenchée en France par son projet.

 

L’annonce de l’OPA d’un groupe détenu par une
famille indienne sur un géant européen avait déclenché au début de l’année
une levée de boucliers dans plusieurs pays de l’UE, et relancé la volonté de
“patriotisme économique” du gouvernement français.

 

Le président Jacques Chirac lui-même avait
critiqué cette “offre hostile, (…) purement financière, (…) sans aucun
projet industriel connu ou révélé et sans aucune concertation préalable
contrairement aux usages”.

 

En février, Lakshmi Mittal s’était dit
“attristé par tout ce déchaînement, ce déferlement émotionnel parmi les
hommes politiques et différents dirigeants”, évoquant même des “sentiments
racistes”.

 

Les réactions françaises auraient également
excédé M. Pinault, qui vient par ailleurs de renoncer à son projet de
fondation culturelle en France –sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt–
pour cause de retards liés selon lui à des lenteurs de l’administration.

 

François Pinault “a pu être choqué de l’accueil
réservé à Lakshmi Mittal, en France notamment, à cause de ses origines
indiennes”, et il “admire sa capacité entrepreneuriale”, a déclaré à l’AFP
une source proche du dossier.

 

De même source, on évoque des affinités entre
ces deux hommes parvenus à la tête de véritables empires après être “partis
de rien”. “Comme lui, Mittal a bâti un groupe international à partir de
rien, grâce à une énergie hors normes”, dit-on.

 

Les deux patrons se seraient aussi heurtés à un
certain dédain de l’oligarchie patronale en place. “Nous sommes deux
outsiders”, dirait en privé M. Pinault.

 

De son côté, M. Mittal a salué mardi en M.
Pinault “un des patrons français les plus respectés et un de ceux qui a eu
le plus de succès”. Il a indiqué que Mittal Steel était “ravi d’accueillir
un homme d’une telle envergure et qui a connu une telle réussite”.

 

L’intermédiaire entre les deux hommes a été
Anne Méaux, l’influente dirigeante de l’entreprise de communication Image 7,
conseil de PPR et d’Artemis, et qui organise la communication de Mittal en
France pour cette OPA.

 

Autre atout pour M. Mittal, l’arrivée dans le
jeu de M. Pinault, qui serait le premier européen membre de son conseil
d’administration, est censé répondre aux critiques sur la gouvernance du
groupe, souvent présenté comme un bastion.

 

Le système actuel fait que la famille Mittal
contrôle 98% des droits de vote de Mittal Steel, ce qui lui permet de garder
la haute main sur toutes les décisions stratégiques.

 

Mittal Steel s’est dit prêt à réduire le nombre
de droits de vote dont bénéficie la famille, en adoptant le principe d’un
droit de vote par action.

 

 

 

© AFP 2006

Photo : Filipo Monteforte