Acier: Mittal prêt à
augmenter son offre si Arcelor la soutient
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Le PDG de Mittal Steel
Lakshmi Mittal lors d’une conférence de presse, le 9 mai à Londres
Le numéro un mondial de l’acier Mittal Steel
s’est dit prêt mardi à relever sous condition son offre d’achat de 18,6
milliards d’euros sur le groupe européen Arcelor, alors que l’opération
tarde à se concrétiser et que Lakshmi Mittal paraît désormais le dos au mur.
“Dans le cas d’une offre recommandée (par la
direction d’Arcelor, ndlr), nous serions disposés à revoir notre offre et à
faire des changements significatifs dans la gouvernance de notre
entreprise”, a annoncé M. Mittal, PDG du groupe éponyme, dans un communiqué.
Il a dévoilé, juste avant l’assemblée générale
de ses actionnaires à Rotterdam, un projet de modification de cette
gouvernance souvent critiquée et vue comme un obstacle à la fusion, tout en
annonçant l’arrivée comme administrateur indépendant du fondateur français
de PPR et Artemis, l’homme d’affaires François Pinault.
D’autres nominations de cet ordre pourraient
suivre, a-t-on indiqué dans l’entourage de Mittal.
Le projet d’OPA sur Arcelor, qui vise à créer
un poids lourd mondial de l’acier, valorise le groupe européen à au moins
18,6 milliards d’euros. L’offre mixte est à 75% en échanges de titres et à
25% en cash mais Arcelor y est hostile.
Mittal a précisé qu’il pourrait revoir son
offre en hausse non pas parce que la valeur intrinsèque d’Arcelor aurait
changé à ses yeux, mais seulement pour tenir compte d’un éventuel soutien de
la direction du groupe européen.
Le cours des deux titres a largement progressé
depuis le lancement de l’offre. Mardi après-midi, le titre Arcelor était en
hausse de 2,68% à 35,94 euros à Paris, soit 7 euros de plus environ que ce
qu’avait initialement proposé Mittal. Mais comme l’action Mittal a monté
elle aussi, l’offre valorise actuellement l’action Arcelor à environ 34
euros.
En matière de gouvernance d’entreprise, Mittal
propose aussi, toujours en cas d’accord amiable, de partager de façon égale
la représentation au sein d’un conseil d’administration élargi, avec six
membres issus de Mittal, six issus d’Arcelor et deux indépendants choisis
par les deux groupes.
M. Mittal offre aussi de réduire le nombre de
droits de vote dont bénéficie actuellement sa famille, en adoptant le
principe d’un droit de vote par action, avec néanmoins un vote “renforcé”
pour les plus anciens actionnaires. Le système actuel lui donne 92% des
droits de vote, c’est-à-dire le contrôle de toutes les décisions
stratégiques.
Arcelor n’a pas commenté mardi ces propositions
de concessions. Lundi soir, il avait révélé que cette tentative d’approche
faite par Mittal en vue d’un rapprochement à l’amiable avait échoué.
Les dirigeants d’Arcelor ont répété plusieurs
fois qu’en cas d’offre à 100% en liquide, ils réexamineraient leur position.
Les avances de Mittal interviennent alors que
le projet de fusion avec Arcelor, annoncé le 27 janvier, patine, notamment
en raison d’un casse-tête réglementaire, Arcelor étant coté en Bourse à
Paris, Madrid, Bruxelles et Luxembourg. Le projet d’OPA est entré dans sa
quinzième semaine d’examen par les autorités boursières régissant les quatre
places.
Alors qu’il avait jusque-là martelé sa
confiance, M. Mittal, montre désormais des signes d’impatience, ayant déjà
reconnu fin avril que l’opération était plus difficile que prévu.
“Je suis déçu de ne discerner à ce stade aucune
volonté, de la part d’Arcelor, d’entamer des discussions sérieuses pour
parvenir à un accord sur notre offre d’achat, ce qui serait certainement
dans l’intérêt de tous les actionnaires”, a-t-il lâché mardi.
Il a dénoncé les “bâtons dans les roues” mis
par Arcelor à l’OPA, laissant entendre qu’il s’attendait à de nouvelles
attaques. Arcelor a notamment mis à l’abri dans une fondation aux Pays-Bas
sa nouvelle filiale canadienne Dofasco pour la protéger de l’appétit de
Mittal.
Le milliardaire Wilbur Ross, lui-même ancien
patron de l’américain ISG racheté par Mittal en 2005, et membre de son
conseil d’administration, a critiqué lors de cette conférence de presse la
position d’Arcelor, se demandant “s’ils agissent dans leur propre intérêt ou
dans celui de leurs actionnaires”.