L’Argentine se lance dans la
grande vitesse ferroviaire
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Le président argentin
Nestor Kirchner lors d’un discours à Gualeguaychu, le 5 mai 2006 en
Argentine
L’Argentine se lance dans la grande vitesse
ferroviaire, une première en Amérique latine, en proposant de se doter, à
l’horizon 2009, d’un TGV entre sa capitale et Rosario, son centre
agro-industriel le plus important.
Cette ligne de 310 km pourrait représenter un
contrat important à l’export pour la firme française Alstom, qui a conçu les
trains à grande vitesse français (TGV), après un contrat signé en Corée du
Sud, et plusieurs tentatives infructueuses aux Etats-Unis, en Australie ou à
Taïwan. Encore faudra-t-il qu’elle soit retenue par les autorités
argentines, mais son président pour la branche transport, Philippe Mellier,
se veut optimiste.
“On est partant, je pense qu’on se qualifiera
et on remettra une offre compétitive”, a-t-il déclaré mardi à l’AFP,
interrogé par téléphone. M. Mellier est d’ailleurs attendu jeudi en
Argentine où il soit rencontrer des responsables argentins afin de discuter
de cet appel d’offres.
Le secrétaire d’Etat argentin aux Transports,
Ricardo Jaime, a précisé lundi soir qu’il s’agissait de construire une
double voie électrifiée devant permettre à des trains de circuler à une
vitesse maximale comprise entre 250 et 300 km/h, à l’image du réseau
français de grande vitesse.
Dans un deuxième temps, le gouvernement
envisage également de prolonger cette ligne jusqu’à Cordoba, située à 400 km
plus à l’ouest de Rosario, soit une distance totale de quelque 710 km. La
décision sur ce deuxième tronçon n’a toutefois pas encore été prise et
pourrait se limiter à une simple modernisation de la ligne existante.
L’appel d’offres lancé par le gouvernement
argentin précise que les entreprises candidates doivent présenter un projet
comprenant notamment la construction des lignes nouvelles, y compris sur le
deuxième tronçon, la fourniture des matériels roulants et un financement du
projet à hauteur minimum de 50%. Ce point reste encore mystérieux et M.
Mellier s’est montré prudent quant à son interprétation, attendant d’en
savoir plus auprès des autorités argentines. Le financement de ce projet ne
devra néanmoins pas poser de problème en raison de sa rentabilité attendue,
a-t-il ajouté.
Le corridor Buenos Aires-Rosario-Cordoba est
l’axe de communication le plus important d’Argentine tant pour les passagers
que pour les marchandises. Ces trois villes sont les plus importantes du
pays avec un total de près de 15 millions d’habitants.
Le gouvernement argentin n’a pas chiffré le
coût d’un tel projet, mais le kilomètre de ligne à grande vitesse revient en
moyenne à quelque 10 millions de dollars, selon M. Mellier, qui assure que
dans le cas de l’Argentine, ce coût sera inférieur compte tenu notamment du
relief très plat entre Buenos Aires et Rosario. La “pampa” argentine va
permettre de limiter le recours à des ouvrages d’art (pont, tunnel) qui
coûtent très chers, a-t-il expliqué.
Buenos Aires fera connaître son choix avant la
fin décembre et les travaux devront ensuite commencer début 2007 pour une
mise en service à la mi 2009.
Le président Nestor Kirchner a très tôt affirmé
sa volonté de “reconstruire le système ferroviaire national, lequel a
souffert d’une profonde décadence au cours de la décennie 80”, a rappelé un
communiqué officiel.
Les années 1980 sont plus connues en Argentine
sous le nom de “décennie perdue”, en raison de l’endettement et de l’absence
d’investissements. La privatisation des chemins de fer, décidée dans la
décennie suivante par le président de l’époque Carlos Menem, a également
contribué à la “décadence” du réseau ferré, selon ce communiqué.
Alstom entend bien d’ailleurs ne pas limiter à
la grande vitesse sa contribution à la remise en état des chemins de fer
argentins, a encore indiqué M. Mellier.