Les constructeurs
automobiles japonais en forme partout… sauf chez eux
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Le président de Toyota
motors Katsuaki Watanabe à Tokyo le 16 janvier 2006
Si quatre des cinq grands constructeurs
automobiles japonais ont enregistré des bénéfices record lors de l’exercice
2005-2006, ces solides performances masquent leur faiblesse sur leur marché
intérieur saturé, et leur forte dépendance à l’égard de l’Amérique du Nord.
Le numéro un nippon, Toyota Motor, a annoncé
mercredi un bénéfice record pour 2005-2006 et semble bien parti pour
décrocher, à la fin de cette année, la couronne de premier constructeur
mondial au détriment de son rival américain General Motors, empêtré dans les
pires difficultés financières.
Trois des compatriotes de Toyota, à savoir
Nissan, Honda et Mazda, ont aussi engrangé de très forts bénéfices, toujours
selon le même schéma : dynamisme des ventes aux Etats-Unis, où les
consommateurs s’arrachent les modèles nippons économes en carburant, mais
régression ou stagnation au Japon où l’automobile est pourtant la première
industrie et le premier employeur national.
Seule exception : Mitsubishi Motos, qui a
terminé l’exercice sur une perte, mais qui paradoxalement a été le seul des
cinq “grands” à voir rebondir ses ventes au Japon (+13,2%) grâce au succès
d’un nouveau modèle de 4×4.
“Il est intéressant d’observer le contraste
entre le Japon, où nous avons lancé six nouveaux produits et où nos ventes
ont diminué, et les Etats-Unis où les ventes ont augmenté de 6% malgré zéro
nouveau lancement”, a souligné le PDG de Nissan, Carlos Ghosn, s’avouant
déçu par ses performances au Japon.
Le marché automobile japonais montre depuis
plusieurs années des signes de saturation : les immatriculations de
véhicules neufs ont diminué pour le 10e mois consécutif en avril (-7,8%).
Selon Yoshio Watanabe, analyste chez Mizuho
Securities, cette détérioration a commencé il y a environ sept ans.
Ces dernières années se sont caractérisées “par
un déclin des immatriculations de voitures et par une hausse de la
popularité des mini- véhicules”, explique-t-il, prédisant que “cette
tendance va se poursuivre, dans un environnement marqué par la hausse des
prix de l’essence”.
Les constructeurs de mini-véhicules, modèles
peu voraces en carburant et plus maniables dans les ruelles des villes
japonaises, sont en effet les seuls à tirer leur épingle du jeu dans
l’archipel.
Ce type de voitures représente désormais un
tiers du parc automobile nippon et la demande ne cesse de croître. Ainsi, le
spécialiste du secteur, Suzuki Motor, a dégagé un bénéfice record en
2005-2006 et a vu ses ventes s’envoler de 16,1%.
Le
PDG de Nissan, Carlos Ghosn, au siège du constructeur à Tokyo le 25
avril 2006
De plus, “la popularité des modèles compacts a
créé une tendance à la baisse des prix des voitures classiques. Vu le
refroidissement de la demande, il existe un risque potentiel
d’intensification de la concurrence, sous la forme d’une guerre des prix”,
avertit M. Watanabe.
Pour Carlos Ghosn, cette situation ne devrait
pourtant entraîner aucune restructuration draconienne au Japon : “les
constructeurs maintiendront leurs usines d’assemblage ici, mais, pour rester
rentables, ils feront davantage appel à des équipementiers de pays où les
coûts sont compétitifs”.
Trouver de nouveaux “piliers de croissance”,
avec en principale ligne de mire le gigantesque marché chinois, figure
également parmi les priorités des groupes automobiles nippons.
Pour le moment, tous dépendent fortement du
marché nord-américain, dont ils contrôlent le tiers et qui leur apporte les
trois quarts de leurs bénéfices.
Une situation qui n’est pas sans leur causer
quelques frayeurs, une appréciation significative du yen par rapport au
dollar ou un ralentissement de la demande américaine risquant de les
pénaliser fortement.
Les Japonais redoutent aussi un retour de bâton
protectionniste de la part de Washington si leur prospérité devenait trop
criante par rapport à la misère de leurs homologues américains.
C’est la raison pour laquelle Toyota, s’il
parvient à vendre plus de voitures que General Motos en 2006, se gardera
probablement bien de le crier sur les toits.