Un juge de Londres a recommandé mercredi l’extradition aux Etats-Unis de
Gary McKinnon, un chômeur britannique qui a reconnu avoir piraté les
ordinateurs du Pentagone et de la Nasa.
Le ministre britannique de l’Intérieur, John Reid, doit maintenant donner le
feu vert final à l’extradition de M. McKinnon, mais ce dernier a prévenu dès
sa sortie de l’audience qu’il ferait appel si la mesure était confirmée.
Ses avocats le dépeignent comme “un raté de 40 ans dingue d’ordinateurs”,
mais il a été qualifié de “plus grand pirate informatique de tous les temps”
par le procureur de l’Etat américain de Virginie.
Gary McKinnon, qui comparaissait libre mercredi, a réaffirmé qu’il
regrettait ses actes et qu’il n’avait pas eu d’intention criminelle.
Il a été démasqué par la police britannique en 2002. Quatorze Etats
américains le poursuivent désormais sous huit chefs d’accusation.
Gary McKinnon est accusé d’avoir piraté et endommagé, entre février 2001 et
mars 2002, 53 ordinateurs de l’armée américaine, de la marine, de l’armée de
l’air, du Pentagone et de la Nasa. Le tout de sa chambre dans le nord de
Londres.
Il aurait notamment téléchargé des documents confidentiels, installé un
programme informatique qui a rendu “inopérant” le district militaire de
Washington, détruit 1.300 comptes informatiques et dérobé 950 mots de passe.
Son attaque informatique contre une base navale, peu après les attentats du
11 septembre 2001, aurait notamment rendu impossible l’utilisation de
systèmes militaires d’importance vitale.
Les dégâts ont été estimés à 700.000 dollars (580.000 euros) par les
autorités américaines.
“Mon intention n’a jamais été d’attenter à la sécurité”, a déclaré mercredi
devant la presse Gary McKinnon. Mais, a-t-il ajouté, “j’ai été stupéfait du
manque de sécurité” des systèmes piratés.
Gary McKinnon assure avoir avant tout cherché des preuves de l’existence des
Ovni. Selon lui, l’armée américaine détient des informations sur ce sujet et
les cache au monde.
L’un des arguments des avocats tentant d’empêcher son extradition est qu’il
pourrait être visé par “un ordre militaire numéro 1”, le privilège du
président des Etats-Unis en vertu duquel un suspect peut être détenu de
façon illimitée, sans procès.
La partie américaine a affirmé qu’il n’en serait rien, et que tout était
déjà prêt pour que l’accusé soit jugé par un tribunal fédéral en Virginie.
“Je suis pendu haut et court par avance si on me juge en Virginie”, a
protesté M. McKinnon mercredi à la sortie de l’audience, s’adressant aux
journalistes avec un art bien maîtrisé de la formule.
Le tribunal londonien qui a recommandé l’extradition a reconnu que le
suspect risquait une condamnation “nettement plus sévère aux Etats-Unis que
ce qui serait encouru pour les mêmes faits en Grande-Bretagne”.
Mais “tout accusé doit savoir”, a rappelé le juge Nicholas Evans, “que si
l’on commet un délit dans un pays étranger, on prend le risque d’être
poursuivi dans ce pays”.
Le magistrat a également jugé “inconcevable”, étant donné les longues
relations entre Londres et Washington en matière d’extradition, de mettre en
doute les assurances américaines selon lesquelles Gary McKinnon aurait droit
à un procès équitable aux Etats-Unis.