L’Algérie et sans doute la
Russie pourront payer leur dette par anticipation
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Le président algérien
Abdelaziz Bouteflika (d) et son homologue russe Vladimir Poutine à
Alger le 10 mars 2006
Le Club de Paris a accordé jeudi son feu vert
de principe au remboursement anticipé de la dette de deux de ses plus gros
débiteurs, la Russie et l’Algérie, qui bénéficient toutes deux de situations
financières épanouies grâce à la flambée des cours du pétrole.
Dans les deux cas, les montants sont très
importants: ils pourraient s’élever jusqu’à 22 milliards de dollars pour la
Russie (laquelle a déjà procédé à une opération similaire sur 15 milliards
de dollars l’an dernier), et jusqu’à 8 milliards USD pour l’Algérie.
Comme la Russie, l’Algérie bénéficie de
recettes pétrolières inédites depuis que les cours ont triplé en quatre ans,
à plus de 70 dollars le baril. L’Algérie est membre de l’Organisation des
pays exportateurs de pétrole (Opep), tandis que la Russie est le premier
producteur mondial d’hydrocarbures, gaz et pétrole combinés.
Le Club de Paris est une puissante instance
informelle qui rassemble les 19 principaux pays créanciers de la planète
(tous des pays développés). Rembourser par avance sa dette auprès de ses
pays membres permet aux pays débiteurs de s’épargner ainsi les intérêts
prévus à chaque échéance de remboursement.
Le dossier de l’Algérie apparaît cependant plus
avancé que celui de la Russie, puisque le Club de Paris indique avoir
formellement “accepté” le principe d’un remboursement anticipé “au pair”
(c’est-à-dire en valeur nominale), selon le communiqué publié cette nuit
après la réunion mensuelle du Club.
Ses principaux créanciers dans le Club sont
l’Italie (1,7 milliard de dollars), la France (1,6 milliard) et les
Etats-Unis (1,2 milliard). La dette algérienne avait été rééchelonnée en
1994 et 1995 et son offre anticipée “reflète le rétablissement de la
situation financière de l’Algérie au cours des dernières années”, relève le
Club de Paris.
Pour la Russie, il n’est en revanche encore
question que d'”accueil favorable”, en prélude à l’ouverture le mois
prochain de “négociations sur un accord multilatéral qui préciserait les
principales conditions d’un tel remboursement anticipé”.
Et ce feu vert même lorsqu’il sera formellement
acquis, ne constitue quoiqu’il en soit qu’un premier pas, puisqu’il revient
au final à chaque pays créancier de décider s’il accepte ce paiement
anticipé ou non.
Des négociations bilatérales en ce sens ont
d’ailleurs déjà démarré. Pour l’Algérie, il est déjà prévu que les
opérations de remboursement anticipé se dérouleront entre le 31 mai et le 30
novembre 2006.
Pour ce qui est de la Russie, le Club de Paris
ne précise pas de calendrier, mais indique qu”‘une majorité de pays
créanciers ont d’ores et déjà indiqué leur volonté d’accepter la proposition
de la Russie”.
Le président russe Vladimir Poutine avait
proposé le 24 avril à Tomsk, en marge du sommet russo-allemand, de
“rembourser entièrement” cette année le reste de la dette de Moscou à
l’égard du Club de Paris, y compris celle envers de son principal créancier,
l’Allemagne.
C’est essentiellement celle-ci qui pose encore
problème pour des raisons de montage financier: le gouvernement allemand
avait vendu 5 milliards d’euros d’emprunts russes en 2004 sous la forme
d’obligations “Aries” à des investisseurs privés afin d’alléger le déficit
de ses finances publiques.
Mais il avait lui-même conservé des créances
envers la Russie en s’engageant à les conserver. Au final, l’Allemagne
pourrait donc ne pas participer au remboursement de manière très
significative, explique-t-on de source proche du dossier. Le deuxième plus
gros créancier de la Russie est l’Italie avec un peu moins de 3 milliards de
dollars.