Sommet UE-Amérique latine à
Vienne: des contacts plutôt que des résultats
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Le président du
Venezuela, Hugo Chavez, le 10 mai 2006 à Rome
Les dirigeants de l’Union européenne (UE) et
d’Amérique latine et Caraïbes (ALC) se retrouvent à Vienne pour un sommet de
trois jours qui devrait, selon l’Autriche pays hôte, valoir plus par les
contacts sur les grands problèmes que par les résultats attendus.
Les questions commerciales et énergétiques, les
rapports stratégiques et les droits de l’Homme vont dominer cette “grand
messe diplomatique” qui commence par une réunion des ministres des Affaires
étrangères des 60 pays participants jeudi après-midi.
Les chefs d’Etats ou de gouvernement de l’UE et
des pays candidats et leurs 33 collègues d’Amérique latine et Caraïbes (ALC)
sont invités jeudi soir à dîner par le chancelier autrichien Wolfgang
Schüssel au château de la Hofburg. Ils tiendront la conférence principale
vendredi.
“Le résultat sera, plutôt qu’un document, une
meilleure compréhension”, a estimé la ministre autrichienne des Affaires
étrangères, Ursula Plassnik dans une interview à la radio nationale ORF.
Interrogée sur l’abolition des droits de douane
sur les produits agricoles et industriels avec le “Mercosur”, le Marché
commun sud-américain (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), Mme Plassnik a
répondu: “nous l’aurions souhaité, malheureusement cela ne sera pas
possible”.
S’il n’y toujours aucun accord après sept ans
de discussions avec le Mercosur, secoué par des dissensions, l’ouverture de
négociations de libre-échange avec l’Amérique centrale sera certainement
décidée à Vienne, selon plusieurs responsables.
Le centre de presse du
sommet UE-Amérique Latine qui se tient pendant trois jours à Vienne,
le 11 mai 2006
Le sommet donne l’occasion de multiples
rencontres bilatérales entre dirigeants ou avec les autorités autrichiennes
ou onusiennes.
Ainsi Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil) doit
voir vendredi Angela Merkel (Allemagne) puis Tony Blair (Grande-Bretagne).
Ainsi le président bolivien Evo Morales
(Bolivie) a rencontré jeudi matin le directeur de l’Office des Nations unies
contre la drogue et le crime (ONUDC) Antonio Maria Costa pour discuter,
notamment, de la culture de la coca dans son pays.
M. Costa a exhorté mercredi les dirigeants de
l’UE à “exporter la sécurité” vers l’Amérique latine face à l’afflux en
Europe de drogues, de migrants clandestins et d’argent sale.</p>
<p>La récente nationalisation des hydrocarbures, décidée par le gouvernement
socialiste de M. Morales, et qui préoccupe l’Europe, sera à l’ordre du jour.
Si le Cubain Fidel Castro est absent, un de ses
admirateurs prendra la parole: Hugo Chavez, le président antiaméricain du
Venezuela, gros exportateur de pétrole.
M. Chavez doit s’adresser samedi au sommet
“alternatif” avec des personnalités alter-mondialistes. Ce contre-sommet
social, qui dénonce les tendances néo-libérales, s’est ouvert mercredi avec
un “Tribunal populaire” pour juger symboliquement des multinationales
européennes.
Mme Plassnik, comme par ailleurs le président
mexicain Vicente Fox, a minimisé “la poussée à gauche” sur le continent
sud-américain. Elle a souligné que “les problèmes qu’a l’Amérique latine
sont énormes, notamment de cohésion sociale”, d’où l’importance d’une
coopération entre les deux régions.
Elle avait rencontré la veille des
organisations de défense des droits de l’Homme “et plus particulièrement les
droits de la femme”.
Des manifestants ont par ailleurs protesté
jeudi, des fleurs à la main, devant l’ambassade du Mexique à Vienne suite
aux “viols et meurtres” de civils lors de heurts à San Salvador Atenco, dans
la banlieue de Mexico.
La vaste conférence, la plus grande en Autriche
depuis le Congrès de Vienne post-napoléonien de 1815, représente un défi
logistique.
Plus de 1.500 policiers sont mobilisés et la
circulation risque vendredi d’être chaotique.