France: timide éclaircie du
commerce extérieur au premier trimestre
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La ministre française
du Commerce extérieur Christine Lagarde le 23 novembre 2005 à Paris
Le déficit commercial français s’est légèrement
réduit au premier trimestre, grâce à la bonne tenue des exportations, mais
la flambée du pétrole et la nouvelle appréciation de l’euro ne laissent pas
entrevoir de retour prochain à l’équilibre, selon des économistes.
Après une année 2005 qui s’est soldée par un
trou record de 23 milliards d’euros, 2006 débute sous de meilleures
auspices: le déficit commercial s’est établi à -6,609 milliards d’euros de
janvier à mars contre -6,946 milliards au quatrième trimestre 2005, selon
les données corrigées des variations saisonnières publiées vendredi par les
Douanes.
Sur les douze derniers mois, le déficit
accumulé atteint 24,698 milliards d’euros.
Le solde commercial s’est amélioré en mars pour
le quatrième mois consécutif, repassant “sous les deux milliards pour la
première fois depuis le mois de septembre” 2005, à 1,957 milliard d’euros
(-2,186 milliards d’euros en février, révisé), souligne Nicolas Claquin,
économiste de HSBC France.
“C’est encourageant dans le signal que cela
donne sur la dynamique actuelle, qui semble être davantage positive pour les
exportations que pour les importations, mais il ne faut pas espérer de
retour prochain à un excédent”, nuance-t-il.
Rompant avec la tendance observée en 2005, les
exportations ont progressé plus vite que les importations au premier
trimestre (+3,9% contre 3,3%).
De janvier à mars les ventes de la France à
l’étranger ont atteint “leur plus haut niveau” à 95,2 mds d’euros, tandis
que les importations franchissaient “pour la première fois la barre des 100
milliards d’euros” (101,8 milliards), selon les Douanes.
L’augmentation des prix des produits pétroliers
a lourdement pesé avec une facture énergétique de 12,6 milliards d’euros sur
les trois premiers mois de l’année, en hausse de 12,2%.
En mars les exportations ont également un peu
accéléré, à 31,866 milliards d’euros, tandis que les importations se
stabilisaient à 33,823 milliards d’euros.
Pour Nicolas Bouzou, économiste de l’institut
de recherches Xerfi, l’embellie observée à l’export est notamment due à des
ventes “particulièrement dynamiques” de biens d’équipements (aéronautique,
téléphones mobiles), en hausse de 11,5% au premier trimestre.
Une performance due selon lui à des livraisons
d’Airbus “toujours très soutenues” (21 appareils exportés en mars, pour plus
de 1,3 milliards d’euros, après 22 en février et 15 en janvier) mais aussi à
la “consolidation de la reprise en Allemagne et en Italie”.
Dans ces deux pays, respectivement premier et
troisième “clients” de la France, l’amélioration du climat économique
“profite directement aux entreprises françaises”, estime M. Bouzou.
“Si la reprise économique dans la zone euro se
consolide, ce qui constituait jusqu’ici un handicap pour la France (un
commerce extérieur très positionné vers ses voisins immédiats) pourrait
cesser de l’être”, ajoute-t-il.
Deux menaces risquent toutefois de compromettre
cette fragile reprise: la nouvelle envolée en avril des prix du pétrole et
le renchérissement de l’euro par rapport au dollar.
“Le passage des prix du pétrole au delà de 70
dollars le baril va encore renchérir la facture énergétique et les
évolutions récentes de l’euro vont peser sur la compétivité” des produits
européens, qui voient leurs prix mécaniquement relevés, avertit Nicolas
Claquin. “La dynamique actuelle pourrait donc prochainement s’inverser”,
juge-t-il.