UE: les 25 espèrent avoir en
juin un fonds alternatif pour les Palestiniens
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La commissaire
européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner, le 27
février 2006 à Bruxelles
Les 25 planchaient lundi sur la création d’un
fonds destiné à aider les Palestiniens sans passer par le gouvernement
dirigé par le Hamas, un mécanisme qu’ils espèrent finaliser d’ici juin si la
Banque mondiale accepte d’y participer.
L’Union européenne voudrait avoir mis sur pied
ce fonds spécial d’ici le sommet européen des 15 et 16 juin, a indiqué lundi
la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner,
en marge d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères qui
devaient en discuter lors d’un déjeuner lundi à Bruxelles.
“Nous espérons pouvoir tenir une première
réunion au niveau technique avec les autres donateurs la semaine prochaine
ou la semaine suivante”, a indiqué Mme Ferrero-Waldner. Elle a ajouté qu’il
y avait “une chance” pour que ce fonds soit prêt pour le sommet européen de
juin.
“Cela prendra certainement plusieurs semaines
car c’est un mécanisme très compliqué à mettre en place”, a ajouté la
commissaire, qui doit en parler avec le président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas mardi à Strasbourg.
Les Européens ont été chargés, lors de la
réunion le 9 mai du Quartette pour le Proche-Orient (UE, Etats-Unis, Russie
et Onu) d’étudier la création de ce fonds.
L’idée est de rediriger directement vers les
Palestiniens une partie au moins de l’aide internationale qui aurait dû être
versée au gouvernement palestinien, chapeauté par le Hamas, large vainqueur
des législatives palestiniennes de janvier.
L’UE et les Etats-Unis ont gelé leur aide
transitant par l’Autorité, et exigent pour la reprendre que le Hamas, qui
figure sur leurs listes d’organisations terroristes, renonce à la violence
et reconnaisse Israël.
Le gel de l’aide a aggravé la crise économique
et sociale dans les territoires palestiniens, où les salaires des
fonctionnaires de l’Autorité palestinienne ne sont plus payés depuis mars.
Les 25 ont malgré tout promis de maintenir leur
aide humanitaire et d’aider les Palestiniens à faire face à leurs besoins
les plus urgents, notamment en matière de santé et d’éducation.
Mme Ferrero-Waldner a implicitement reconnu que
l’un des problèmes posés par la création de ce fonds était de savoir si la
Banque mondiale accepterait de le piloter.
Or cette dernière ne s’engagera que lorsqu’elle
sera certaine du soutien total des Américains à ce mécanisme, qui n’est pas
encore acquis, a expliqué une source communautaire.
La Banque mondiale gère déjà un fonds
fiduciaire auquel contribue de nombreux pays donateurs, créé en 2004 pour
mieux contrôler l’utilisation de l’aide. Le mécanisme souhaité par les
Européens fonctionnerait de la même façon.
Même si les Etats-Unis ont accepté que l’UE
travaille à la création de ce mécanisme, “savoir s’ils accepteront d’y
contribuer est une autre histoire”, a indiqué Mme Ferrero-Waldner.
“Nous devons parler à la Banque mondiale pour
voir s’ils veulent se charger de ce mécanisme”, a confirmé Javier Solana,
Haut représentant pour les relations extérieures de l’UE.
Il a cependant estimé qu’il y avait “d’autres
possibilités que la Banque mondiale”, sans préciser lesquelles.
M. Solana a estimé “probable” que ce fonds soit
amené à payer directement certains salaires des fonctionnaires de l’Autorité
palestinienne, “mais seulement ceux liés à des besoins de base, comme les
écoles, les hôpitaux, etc…”.
L’UE est le principal bailleur de fonds des
Palestiniens, avec au total quelque 500 millions d’euros versés par an, dont
250 millions versés directement par la Commission à Bruxelles et le reste
par les Etats membres.
La Commission avait déjà versé quelque 120
millions d’euros début 2006 avant de geler officiellement l’aide allouée
directement à l’Autorité palestinienne en avril.