Les marchés boursiers
décrochent, le dollar et les taux d’intérêts inquiètent
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Deux personnes passent
devant un panneau électronique du cours du dollar, le 15 mai 2006 à
Tokyo
Les principales places boursières de la planète
ont fortement reculé lundi, les investisseurs s’inquiétant d’éventuelles
hausses de taux aux Etats-Unis et de la dépréciation du dollar, tandis que
les valeurs pétrolières et minières se repliaient.
Wall Street avait donné le ton dès vendredi,
clôturant en baisse de plus de 1% après que la Réserve fédérale (Fed)
américaine eut évoqué la possibilité d’une nouvelle hausse des taux
d’intérêt en cas de poussée inflationniste.
Dans la foulé, les places asiatiques et du
Pacifique ont cédé du terrain lundi, Tokyo perdant 0,69%, Sydney Hong-Kong
2,41%, Séoul 2,16%, Singapour 3,72% et Jakarta plus de 6%. Seule la Bourse
de Shanghai a démenti la tendance baissière, bondissant de 3,82% à la faveur
d’une appréciation de la monnaie chinoise, le yuan, qui laisse espérer un
regain des investissements en Chine.
A la mi-séance en Europe, vers 13H00 GMT, les
principales places affichaient également d’importants replis, après avoir
déjà subi de fortes baisses déjà vendredi: Londres perdait 1%, Francfort
1,33%, Paris 1,22%, Bruxelles 1,51%, Milan 0,97%, Madrid 0,77% et la Bourse
Suisse 1,07%.
L’indice paneuropéen Eurostoxx 50 perdait au
même instant 0,91%, portant à 4% son recul sur les cinq dernier jours.
Selon les spécialistes des marchés boursiers,
une conjonction de facteurs explique ce repli généralisé.
Au premier rang des craintes, la dépréciation
du dollar face aux autres grandes monnaies de la planète : l’euro a atteint
lundi un nouveau plus haut depuis légèrement plus d’un an, à 1,2973 dollar.
Les autres monnaies s’apprécient également face au billet vert, ce qui
risque de miner les exportations des pays concurrents des Etats-Unis et de
saper leur croissance.
Sans compter que cela pourrait inciter la Fed à
relever encore ses taux, pour rendre le billet vert plus attractif.
Un piéton passe devant
un panneau électronique affichant l’indice Hang Seng de la Bourse de
Hong Kong, en net recul le 15 mai 2006
Car la politique monétaire de la Fed est un
autre grand sujet d’inquiétude. Les investisseurs espéraient une pause dans
le cycle de durcissement des conditions du crédit de la Fed, peut-être dès
le mois de juin, mais la Fed a semé le doute en prévenant que de nouvelles
hausses de taux pourraient éventuellement être encore nécessaires “pour
lutter contre les risques d’inflation”.
Les marchés craignent de telles hausses aux
Etats-Unis, première économie de la planète, car elles risqueraient de miner
la consommation, l’investissement, le marché immobilier et les résultats des
entreprises, freinant par contrecoup la reprise japonaise et la fragile
croissance européenne.
Autre sujet de préoccupation: “les prix des
matières premières ont continué à grimper fortement”, explique Alain Bokobza,
responsable de la stratégie européenne chez Société Générale Securities,
dans une note publiée lundi.
En effet, les prix de matières premières, du
pétrole à l’or et aux autres métaux précieux ont atteint ou flirté avec
leurs records historiques ces derniers jours, pesant sur les cours des
valeurs industrielles, des compagnies aériennes, des constructeurs
automobiles et autres groupes de BTP.
Lundi, cette fièvre a entraîné une baisse
corrective des prix du pétrole et des matières premières, entraînant dans
leur sillage les titres des grandes compagnies pétrolières et minières. Du
coup les indices boursiers, dont elles constituent d’importants piliers,
accusaient le coup.
Cependant, les spécialistes relativisaient le
recul généralisé des indice boursiers, soulignant qu’il intervenait après
plusieurs mois de hausse quasi-ininterrompue, et alors que plusieurs des
Bourses ont atteint de nouveaux sommets depuis plusieurs années ou frôlé des
records historiques, comme Wall Street.