Les prix du pétrole
continuent de reculer, au plus bas depuis un mois
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Des courtiers de la
Bourse de New York, le 12 mai 2006
Les prix du pétrole continuaient de reculer
jeudi matin, tombant à leur plus bas niveau depuis plus d’un mois alors que
se dissipaient un peu plus les inquiétudes sur l’approvisionnement en
essence des Etats-Unis cet été.
A New York, le baril de “light sweet crude”
pour livraison en juin baissait de 46 cents à 68,23 dollars lors des
échanges électroniques vers 10H15 GMT (12H15 à Paris).
Il est tombé jusqu’à 68,00 dollars dans la
matinée, son niveau le plus bas en séance depuis le 13 avril.
A Londres, sur l’IntercontinentalExchange (ICE),
le baril de Brent de la mer du Nord perdait 51 cents à 68,53 USD sur
l’échéance de juillet. Il est descendu à 68,32 dollars, un plus bas depuis
le 10 avril.
Les cours “poursuivent le repli entamé la
veille après la progression des stocks d’essence et en raison de craintes
qu’une hausse de l’inflation aux Etats-Unis entame la demande”, ont expliqué
les analystes de la maison de courtage Sucden.
“Cependant, malgré l’affaiblissement actuel,
les prix risquent encore de rebondir à cause de la bataille en cours entre
l’Iran et l’Occident” sur le nucléaire, ont-ils estimé.
Les cours reculent depuis l’annonce, mercredi,
d’une nouvelle hausse des stocks d’essence américains, la troisième en trois
semaines.
Cette nouvelle a rassuré le marché sur
l’approvisionnement à moins de deux semaines du coup d’envoi de la saison
des grands déplacements en voiture, pic saisonnier de la consommation de
carburant aux Etats-Unis.
En outre, depuis plusieurs jours, les
investisseurs examinent l’impact des prix élevés des matières premières sur
l’inflation aux Etats-Unis, qui détermine en grande partie l’évolution des
taux d’intérêt et avec eux, de l’économie.
Or la hausse plus importante que prévu des prix
à la consommation en avril aux Etats-Unis, annoncée mercredi, a conduit le
marché à envisager de nouvelles hausses des taux d’intérêt américains
(actuellement fixés à 5%) en vue de contenir l’inflation. Si c’était le cas,
cela pourrait freiner l’économie, et par ricochet, ralentir la demande de
produits pétroliers.
Ces perspectives renforcent l’idée, réapparue
ces derniers jours, que la demande pétrolière pourrait finalement souffrir
de la cherté de l’énergie, en particulier aux Etats-Unis.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a
dans cet esprit revu vendredi en nette baisse sa prévision de croissance de
la demande pour 2006, à 1,5% au lieu de 1,8%.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole
(Opep) s’est montrée moins pessimiste mercredi, ne revoyant qu’en très
légère baisse (-60.000 barils par jour) sa propre prévision de croissance de
la demande, à 1,7%.
Le marché restait toutefois très inquiet des
suites de la crise nucléaire iranienne, après le rejet mercredi par Téhéran
de l’offre à venir des Européens d’aider l’Iran à développer son nucléaire
civil en échange d’une suspension de son enrichissement d’uranium.
De même, le risque d’une grève des cadres de la
compagnie ExxonMobil au Nigeria préoccupait le marché alors que la
production du pays est déjà amputée de près d’un quart par les attaques
menées depuis janvier par des groupes séparatistes dans le Delta du Niger
(sud).