France: Série noire chez les
équipementiers automobiles
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Un employé travaille
sur une chaine de montage du nouveau camion Midlum à l’usine Renault
Trucks de Blainville, le 10 mai 2006
La série noire se poursuit en France pour les
fournisseurs de l’automobile depuis début 2006, avec de multiples
suppressions d’emplois dans des sociétés qui subissent l’explosion des prix
des matières premières, la délocalisation des constructeurs et leur pression
sur les coûts.
L’annonce mardi de la suppression d’au moins
150 postes de CDD et d’intérimaires cet été chez Sanden Manufacturing Europe
(SME) en Ille-et-Vilaine allonge la liste des restructurations engagées
depuis janvier chez Setforge, Heuliez, Mecaplast, CF Gomma, Timken, Cadence
Innovation ou encore Fonderies et ateliers du Bélier (FAB).
“Depuis le début de l’année, il y a une
accélération des restructurations chez les sous-traitants, avec des bassins
d’emplois très touchés comme l’Est de la France. Mais comme les suppressions
d’emplois portent sur quelques centaines de personnes à chaque fois, elles
ne suscitent qu’un faible écho”, a indiqué Yann Lacroix, responsable de la
recherche sectorielle chez l’assureur-crédit Euler Hermès SFAC.
Chez les sous-traitants, principalement des
PME, “nous prévoyons environ 185 défaillances d’entreprises en 2006 en
France, après 176 en 2005”, a-t-il précisé. “Même des grands du secteur de
l’équipement automobile comme Faurecia ou Valeo taillent de plus en plus
dans leurs effectifs en France; et ils ne se limitent plus aux intérimaires,
ils suppriment aussi des CDI”, a noté M.Lacroix.
Après avoir supprimé près de 1.100 emplois en
France en 2005, Faurecia a présenté récemment un projet de réorganisation de
son usine d’Evreux (Eure), prévoyant 95 suppressions de postes.
Pour 2006, la Fédération des industries des
équipements pour automobiles (Fiev) prévoit environ 5.000 suppressions de
postes et un mouvement similaire dans les quatre ou cinq années, a indiqué
son délégué général Jacques Monnet. Les fournisseurs de l’automobile
devraient employer environ 110.000 personnes d’ici 2010, contre plus de
124.000 en 2005, selon lui.
Signe d’inquiétude publique devant cette
hémorragie, les “mutations” de l’automobile figuraient au menu du dernier
Comité interministériel d’aménagement et de compétitivité des territoires (CIACT),
début mars. Le gouvernement avait alors décidé d’apporter un “soutien
particulier” aux PME et d'”accompagner la gestion des emplois et des
compétences”, surtout en Ile-de-France, Franche-Comté, Nord-Pas-de-Calais,
Lorraine, Alsace, Haute-Normandie.
En 2005, le chiffre d’affaires des usines
d’équipement automobile en France a baissé de 3,4%, à 24 milliards d’euros,
selon la Fiev. Les effectifs ont reculé de 2% à 124.200 personnes.
“Les fournisseurs de l’automobile,
particulièrement les petites sociétés aux reins moins solides, sont pris en
ciseaux entre l’explosion des prix des matières premières et la pression
persistante des constructeurs pour baisser le prix des pièces”, a noté
Jacques Monnet.
Et leurs carnets de commande baissent en France
car la fabrication de véhicules diminue dans l’Hexagone (-3,5% à 3,1 million
d’unités en 2005), alors que montent en puissance les usines des
constructeurs tricolores en République tchèque, Slovénie ou Roumanie, auprès
desquelles se sont installés les équipementiers assez gros pour pouvoir
délocaliser aussi.
“Les constructeurs, sous couvert de relocaliser
leur production vers les nouveaux marchés d’Europe de l’est, ont commencé à
délocaliser la fabrication notamment des modèles d’entrée de gamme. Ce
processus s’accélère depuis deux-trois ans : l’Europe occidentale,
d’exportatrice de sa production automobile en 2000, est devenue
importatrice”, note M. Lacroix.