Arcelor tranchera sur l’OPA
de Mittal dès son plan industriel en mains
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Joseph Kinsch, le
président du CA d’Arcelor, à Luxembourg le 28 avril 2006
Le géant de l’acier Arcelor a reporté dimanche
l’examen de l’OPA améliorée à 25,8 milliards d’euros de Mittal Steel dans
l’attente d’avoir en mains le projet industriel de son prédateur et
l’approbation de sa nouvelle offre par les autorités boursières.
Réuni à Luxembourg pendant près de quatre
heures, le conseil d’administration (CA) d’Arcelor a promis qu’il “examinera
le contenu de l’offre révisée de Mittal Steel dès quelle aura été approuvée
par la commission de surveillance du secteur financier (CSSF)”, le gendarme
boursier luxembourgeois.
Le CA, présidé par Joseph Kinsch, a également
assuré de “sa volonté d’examiner le plan d’entreprise de Mittal Steel que
Lakshmi Mittal a proposé à M. Kinsch de recevoir dans une lettre du 16 mai”,
selon un communiqué.
Arcelor espère ainsi “pouvoir en apprécier
l’intérêt industriel ainsi que la valeur des titres Mittal Steel offerts en
échange”.
Le numéro 1 mondial de l’acier Mittal Steel
avait annoncé le 27 janvier son projet spectaculaire d’offre publique
d’achat et d’échange (OPA-OPE) à 18,6 milliards d’euros visant le numéro 2
Arcelor. Lancée officiellement jeudi sur les Bourses européennes, l’offre a
été révisée en hausse à 25,8 milliards dès vendredi par Mittal.
Les chiffres clef d’Arcelor
et de Mittal
Le CA d’Arcelor a “constaté l’évolution récente
des termes de l’offre publique d’échange de Mittal Steel”.
“Cette évolution conforte son appréciation
initiale selon laquelle l’offre était largement insuffisante en termes de
valorisation et inadéquate notamment en matière de gouvernance
d’entreprise”, affirme encore le sidérurgiste.
Même si Arcelor n’a pas rejeté en bloc la
nouvelle offre de Mittal Steel, des sources proches du groupe européen ont
indiqué dimanche soir que la proposition “était toujours insuffisante”.
“La nouvelle offre de Mittal Steel démontre la
pertinence des positions prises par le conseil depuis le 29 janvier. Nous
continuerons de veiller scrupuleusement à l’intérêt de tous les actionnaires
et partenaires du groupe”, a assuré M. Kinsch, cité dans le communiqué.
M. Kinsch a également mandaté la direction
générale d’Arcelor, emmenée par le Français Guy Dollé, “dès réception du
prospectus de l’offre révisée et du plan d’entreprise de Mittal, pour en
étudier les conditions et de lui en faire rapport”, a-t-il dit.
Le conseil d’administration a en outre chargé
la direction générale “de lui présenter toutes les options qui sont dans
l’intérêt de tous les actionnaires et partenaires”.
Depuis près de quatre mois, Arcelor fait tout
pour convaincre ses actionnaires de ne pas céder aux avances de Mittal.
Lakshmi Mittal (d) et son fils Aditya Mittal lors d’une conférence de
presse, le 19 mai 2006 à Londres
Et il y a peu de chances que l’amélioration
offerte par Mittal suffise à convaincre les dirigeants du groupe d’accepter
un mariage.
“Arcelor continue à considérer que le
rapprochement entre les deux entreprises ne constitue pas un projet
industriel convaincant”, avait expliqué samedi une source proche du groupe.
Par ailleurs, ses dirigeants ont posé jusqu’à
présent comme condition à toute discussion avec son prédateur Mittal de
recevoir une offre entièrement en liquide.
Mittal avait fait un geste vendredi en
augmentant la partie en liquide de son OPA, de 25% à 29,4% du total, et
abaissé en conséquence la partie en actions, de 75% à 70,6%.
De nombreux investisseurs rechignent en effet à
accepter des titres d’une société encore mal connue et à la structure jugée
opaque.
Dans un entretien à paraître lundi dans La
Tribune, M. Mittal s’est déclaré lui “convaincu que, compte tenu du
caractère attractif de notre offre révisée, nous obtiendrons plus de 50% des
actions” d’Arcelor.