Echaudé par la Bolivie, le
Brésil va diversifier ses sources d’énergie
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Soldats boliviens en
faction devant une usine de raffinerie de gaz de la compagnie
brésilienne Petrobras à Santa Cruz, le 3 mai 2006
Le Brésil a lancé un
plan de diversification de ses sources d’approvisionnement en énergie, après
les turbulences provoquées par la nationalisation des hydrocarbures en
Bolivie, son seul fournisseur étranger de gaz naturel.
La compagnie pétrolière
brésilienne Petrobras, contrôlée par l’Etat, a annoncé la semaine dernière
qu’elle allait anticiper le début de la production de gisements de gaz
naturel, dans le cadre d’un nouveau plan gouvernemental pour assurer la
sécurité énergétique.
Dès 2008 le Brésil
produira 24,2 millions de m3 de gaz naturel supplémentaires à partir de
gisements récemment découverts, alors que cette hausse était prévue dans un
délai de 6 à 7 ans.
Petrobras étudie en
outre la possibilité d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) par méthanier
et de construire trois usines de regazéification du GNL. Selon le directeur
financier Almir Barbassa, ces unités auraient une capacité de 5 à 8 millions
de m3 par jour et leur coût s’élèverait entre 100 et 300 millions de
dollars.
Le président Luiz
Inacio Lula da Silva a toutefois assuré que le Brésil continuerait
d’importer du gaz de Bolivie par gazoduc. Les importations de Bolivie
s’élèvent actuellement à quelque 24,5 millions m3/jour et couvrent la moitié
de la consommation brésilienne de gaz naturel.
Le président brésilien
Luiz Inacio Lula da Silva (d) et son homologue bolivien Evo Morales, à
Puerto Iguazu le 4 mai 2006
Mais après la décision du gouvernement d’Evo
Morales de nationaliser le secteur des hydrocarbures, en laissant planer le
doute sur d’éventuelles indemnisations aux compagnies étrangères, et de
renégocier à la hausse le prix du gaz bolivien, Petrobras a décidé de geler
ses investissements dans le pays voisin, notamment l’accroissement prévu de
15 millions de m3/jour de la capacité du gazoduc, qui s’élève actuellement à
30 M m3/jour.
Dix jours à peine après avoir annoncé
triomphalement qu’il était devenu autosuffisant en pétrole, le Brésil a été
pris de court par la nationalisation bolivienne qui a mis a nu sa dépendance
vis-à-vis d’un fournisseur extérieur unique de gaz naturel.
Déterminé à renforcer l’indépendance
énergétique et à tirer profit de son immense potentiel agricole, le Brésil
prévoit par ailleurs de remplacer le gaz naturel par l’éthanol à base de
canne à sucre dans ses centrales thermo-électriques.
Le Brésil est le premier producteur mondial
d’éthanol, qui connaît un grand succès avec le développement des voitures “flex
fuel”, roulant aussi bien à l’essence qu’à l’alcool pur, et dont il prévoit
d’exporter d’importants volumes dans les années à venir.
Petrobras a enfin annoncé une innovation
technologique, la mise au point d’un nouveau diesel baptisé H-Bio (Hydrogène-Bio)
qui permet d’introduire environ 10% d’huiles végétales (palme, soja, coton,
tournesol…) directement dans le processus de raffinage du diesel à partir
de dérivés du pétrole.
Le démarrage de la production du diesel H-Bio,
moins polluant en soufre, est prévu en 2007. Le président de Petrobras
Sergio Gabrielli prévoit une production initiale de 256.000 m3 par jour qui
pourrait être quasiment doublée en deux ans.
Ce nouveau produit offrirait un nouveau
débouché aux producteurs de soja, dont les exportations souffrent de
l’appréciation du real face au dollar. Selon le ministre de l’Agriculture
Roberto Rodrigues, 1,2 million de tonnes de soja pourraient être destinées
dès l’an prochain à la production de diesel H-Bio.
Ce nouveau produit ne se substitue pas à la
production de biodiesel à partir d’oléagineux achetés en priorité à de
petits agriculteurs, et additionné ensuite au diesel classique. Le Brésil
prévoit que le diesel devra incorporer au moins 2% de biodiesel à partir de
2008.
