UE: les 25 échouent à
s’entendre sur le nouveau Fonds pour la pêche
___________________________________
Le ministre autrichien
de l’Agriculture et de la Pêche Josef Pröll (g) discute avec son
homologue polonais Andrzej Lepper à Bruxelles, le 22 mai 2006
Les 25 Etats membres de l’UE et la Commission
européenne ont échoué à s’entendre sur le nouveau Fonds européen pour la
pêche (FEP) destiné à organiser les aides au secteur halieutique, malgré des
négociations tardives à Bruxelles dans la nuit de lundi à mardi.
Peu après minuit, la présidence autrichienne de
l’UE a sonné la fin des débats, constatant qu’une minorité de blocage
empêchait un accord à la majorité requise.
“Nous avons essayé de trouver un compromis pour
une pêche durable”, “nous avons travaillé dur”, mais sans succès, a déclaré
le ministre autrichien de l’Agriculture et de la Pêche Josef Pröll.
L’Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique se
sont opposés au compromis présenté par la présidence et la Commission,
tandis que la Pologne s’est abstenue, l’ensemble formant une minorité de
blocage, a-t-il expliqué. “Il n’y avait plus de possibilités de négocier”, a
ajouté M. Pröll.
Entre le groupe de pays “Amis du poisson”
emmené par l’Allemagne et très soucieux des questions écologiques, et le
groupe des “Amis de la pêche” composé des pays méditerranéens qui comptent
d’importants secteurs halieutiques, le compromis n’a pas été possible.
Les amis du poisson insistaient sur la baisse
des capacités de pêche pour préserver la biodiversité et les ressources,
tandis que les amis de la pêche voulaient avant tout préserver leur
industrie halieutique.
La Pologne, nouvel Etat membre de l’UE depuis
2004, souhaitait encore davantage d’aides pour moderniser sa flotte.
La Commission européenne s’est elle déclarée
“surprise” par l’échec des négociations.
“On avait un bon compromis, équilibré, qui
permettait de donner des aides au secteur (de la pêche) pour se restructurer
et devenir compétitif, mais qui donnait aussi des bonnes garanties pour ne
pas augmenter les capacités de pêche et donc protéger l’environnement”, a
expliqué Mireille Thom, porte-parole du commissaire européen à la Pêche, Joe
Borg.
Le projet de FEP présenté par la Commission,
après de larges consultations auprès des pêcheurs et des Etats membres, vise
à aider à la modernisation et à la restructuration de l’industrie de la
pêche, déclinante en raison de la baisse constante des ressources en
poisson.
Le Fonds veut aussi encourager la valorisation
de la pêche par la transformation et la commercialisation de produits finis,
ainsi que la diversification des régions côtières vers l’aquaculture et le
développement d’autres activités de substitution.
Doté d’un budget –déjà voté– de 3,8 milliards
d’euros sur la période 2007-2013, il doit remplacer le système actuel,
l’Instrument financier d’Orientation de la Pêche (IFOP), démarré en 2000 et
qui arrive à échéance à la fin de l’année.
Mais faute d’accord, “il n’est pas évident”
désormais que des aides communautaires puissent être accordées aux pêcheurs
à partir du 1er janvier 2007, a indiqué une source diplomatique française,
qui s’est aussi déclarée “déçue”.
“Nous sommes déçus car on perd du temps” et
cela “entraînera un retard dans la mise du Fonds européen pour la Pêche” (FEP),
a-t-elle ajouté.
Les négociations sur le FEP devraient désormais
être renvoyées à l’automne, sous présidence finlandaise, ont précisé des
sources communautaires.