Euronext: les actionnaires
devront départager Francfort et New York
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Montage photo des logos
d’Euronext et de la Bourse de New York
Les actionnaires d’Euronext, réunis mardi en
assemblée générale, devront trancher entre la proposition de rachat de la
Bourse de New York, qui a les faveurs de la direction du groupe paneuropéen,
et la surenchère dévoilée par Deutsche Börse.
La Bourse de Francfort a révélé dans la nuit de
lundi à mardi les détails de son offre de rachat d’Euronext, qui valorise la
société à 76,6 euros par action, soit 8,62 milliards d’euros.
Une surenchère face à la proposition en cash et
actions à 71 euros, soit 8 milliards d’euros, de la part du New York Stock
Echange (Nyse).
La direction d’Euronext a d’ores et déjà choisi
son camp: dans un communiqué lundi soir, le conseil de surveillance a
recommandé l’offre de New York, jugée “la plus attrayante” et a rejeté mardi
matin la proposition de Deutsche Börse, qu’elle qualifie de “trompeuse”.
Selon le directeur financier d’Euronext, Serge
Harry, la Deutsche Börse a en fait formulé “la même offre que nous avons
reçue au cours du week-end et qui a été étudiée dans son entier par le
conseil d’administration” lundi.
La bataille pour
Euronext
En rachetant Euronext, fusion des Bourses de
Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, le Nyse créerait la plus grande
Bourse mondiale active des deux côtés de l’Atlantique, un groupe d’une
valeur de 16 milliards d’euros (21 milliards de dollars).
Selon le PDG du Nyse, John Thain, la fusion
avec Euronext, qui pourrait être achevée dès cette année, sera positive
financièrement dès la première année.
Le nouveau groupe “Nyse Euronext” serait coté à
New York et sur les marchés actuels d’Euronext. Les postes de direction
seraient partagés: John Thain serait PDG du nouvel ensemble, et le PDG d’Euronext,
le Français Jean-François Théodore, son adjoint. Le conseil d’administration
comprendrait 11 représentants du Nyse et 9 d’Euronext.
La Bourse de New York évalue à 293 millions
d’euros (375 millions de dollars) les synergies potentielles.
Montage de photos récentes du président d’Euronext, Jean-François
Théodore, et de John Thain, le PDG du New York Stock Exchanges
Face à un tel scénario, Deutsche Börse se
devait de jeter toutes ses forces dans la bataille, sous peine de se
retrouver complètement isolée en Europe après avoir déjà échoué à se marier
avec la Bourse de Londres.
La Bourse allemande espère convaincre les
actionnaires d’Euronext avec une offre combinée, consistant dans le
versement en cash de deux milliards d’euros et l’attribution d’actions.
Deutsche Börse promet également “des effets de
synergie” d’une valeur “d’environ 300 millions d’euros bruts par an”, dont
60 millions seraient redistribués “aux clients” de la nouvelle bourse
fusionnée.
Pour emporter le morceau, le groupe allemand
aurait selon la presse proposé au patron d’Euronext d’assurer dans un
premier temps la présidence du nouvel ensemble. Le Français Jean-François
Théodore serait seul maître à bord pendant dix-huit mois, le patron de
Deutsche Börse, le Suisse Reto Francioni, prenant ensuite les rênes du
groupe.
Les annonces du groupe allemand étaient
accueillies sans indulgence mardi par les analystes, qui prédisent pour la
plupart une victoire de New York.
“On a l’impression que Deutsche Börse se
prostitue pour séduire la direction d’Euronext”, ironisait un courtier à
Francfort.