La commissaire
europénne à la Société de l’information, Viviane Reding, le 7 avril
2006 à Bruxelles
Un mois et demi après leur lancement auprès du grand public, les adresses en
“.eu” ont séduit près de 2 millions d’Européens, devenant la huitième
extension internet la plus utilisée au monde.
Eurid, l’organisation chargée de gérer l’extension jusqu’en 2010, dénombrait
mardi plus de 1,8 million de domaines actifs en “.eu”.
Si la performance est fort honorable –la Commission européenne tablait
seulement sur un million d’adresses d’ici la fin de l’année–, le chemin
reste toutefois long avant de rattraper l’extension vedette “.com”, riche de
quelque 50 millions d’adresses internet dans le monde.
Huitième au niveau mondial derrière les “.com”, “.net” (7,5 millions
d’extensions) et autres “.org” (4,5 millions), le “.eu” se classe quatrième
au niveau européen, derrière le “.de” (9,8 millions ), le “.uk” (4,9
millions) et le “.nl” (1,9 million).
“L’intérêt a dépassé toutes nos attentes”, se réjouit le directeur d’Eurid,
Marc Van Wesemael, dans le rapport trimestriel de l’organisation publié
mardi.
Après 4 mois réservés aux détenteurs de droits antérieurs (marques,
sociétés, institutions…), les adresses en “.eu” ont été ouvertes le 7
avril à tous les particuliers et entreprises résidant dans l’Union
européenne. Une semaine après, 1,5 million de noms de domaines avaient déjà
été enregistrés.
“L’intérêt a été significatif, en particulier en Allemagne (583.000
demandes), au Royaume-Uni (340.000) et aux Pays-Bas (213.600)”, mais “il y a
aussi eu un grand intérêt de la part des la communauté internaute dans le
reste du monde”, relève Eurid.
Ainsi, sur les 1.560 bureaux d’enregistrement accrédités par
l’organisation dans 46 pays, 624 l’ont été aux Etats-Unis, de nombreuses
entreprises ayant une activité en Europe souhaitant adopter une adresse en
“.eu”.
Certains chiffres sont pour le moins étonnant: ainsi les Pays-Bas
représentent 12% des demandes alors que les Néerlandais ne comptent que pour
3,59% de la population de l’UE. Inversement, la France, avec 13,27% de la
population européenne, ne représente que 4,50% des demandes et l’Espagne
(8,83% de la population) un minimaliste 1,70%.
L’intérêt a été si grand que des particuliers ou des entreprises qui ne
résident pas en Europe ont eux-mêmes essayé de décrocher un “.eu”. Mais Eurid veille au grain, ses salariés s’évertuant à dépister les procédures
abusives.
En terme de dénomination, les adresses en trois lettres, très souvent
utilisées pour de acronymes, “ont été particulièrement populaires”, observe
l’organisme.
En une semaine, 233.437 tentatives ont déposées afin d’enregistrer 23.251
combinaisons de trois lettres. “Cela signifie que toutes les combinaisons
possibles ont déjà été prises”, conclut l’organisme.
“On a beaucoup de mal à faire rentrer les clients dans un moule”, relève
cependant Pierre Geoffroy, du bureau d’enregistrement One2net.
Car si certaines entreprises agissent juste dans une optique défensive
pour éviter qu’on leur “vole” leur nom de domaine, d’autres souhaitent
saisir l’opportunité d’accéder à une nouvelle zone de chalandise.
Après la ruée du 7 avril, qui a dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer,
l’activité des bureaux d’enregistrement s’est fortement calmée.
Pourtant, assure Benjamin Gevers de Gevers and Partners, “il est très
probable qu’on voit fleurir les +.eu+ comme noms de domaine de base. S’il y
a 9 millions de +.de+, il n’y a pas de raison pour qu’on stagne à 2 millions
de +.eu+. D’ici 4 ou 5 ans, on devrait y arriver”, pronostique-t-il.
Le responsable du bureau d’enregistrement belge fait d’ailleurs confiance
à Eurid pour donner “des coups d’accélérateurs au +.eu+” à coup de campagnes
promotionnelles.