L’OMC n’a pas avancé à
l’occasion de la réunion OCDE de Paris
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Le commissaire européen
au Commerce Peter Mandelson, le 17 mai à Kuala Lumpur
Les négociations de l’OMC, qui doivent
théoriquement être bouclées avant la fin de l’année, n’ont pas avancé mardi
et mercredi lors de la réunion des ministres de l’OCDE, en dépit d’une
déclaration d’intention du négociateur européen sur l’agriculture.
Mardi, le négociateur britannique de l’Union
européenne, Peter Mandelson, présent à Paris, a affirmé que l’UE était prête
à éventuellement aller plus loin sur l’agriculture.
“Si les circonstances le permettent,
c’est-à-dire si, et seulement si, les principaux partenaires mettent
également quelque chose de valable sur la table, l’UE sera prête à renforcer
davantage son offre actuelle sur l’agriculture”, déclare M. Mandelson dans
un discours rendu public mardi soir.
Il était supposé prononcer ce discours mercredi
à Paris lors de la réunion de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), mais il n’est finalement même pas présent
au deuxième jour de cette rencontre.
Autre signe de l’atonie du cycle de Doha, les
deux fers de lance des grands pays émergents, le ministre brésilien des
affaires étrangères Celso Amorim et le ministre indien du Commerce, Kamal
Nath, étaient absents.
D’ailleurs, le directeur général de l’OMC, le
Français Pascal Lamy, avait dès mardi après-midi annoncé que rien de concret
ne sortirait de la réunion.
Les Etats-Unis, troisième pointe du triangle
des principaux négociateurs, ont immédiatement écarté la déclaration
européenne.
“L’Union européenne a indiqué qu’elle serait
disposée à procéder à de petites améliorations de son offre sur l’accès au
marché pour les produits agricoles. Un changement a minima ne serait pas
suffisant pour la porter au niveau que nous pensons nécessaire pour
encourager de nouveaux échanges commerciaux”, a affirmé le représentant
adjoint pour le Commerce Peter Allgeier, cité dans un communiqué.
Les grands pays émergents, emmenés par le
Brésil, la Chine et l’Inde, réclament l’élimination des subventions
agricoles des pays riches, les Etats-Unis et l’Union européenne leur
demandant pour leur part des ouvertures pour les produits industriels et les
services, et se déchirant sur le dossier agricole.
La proposition de M. Mandelson, aussi vague
soit-elle, a déjà suscité des réactions de méfiance de certains pays
européens, au premier rang desquels la France.
“Il est évident que nous ne pensons pas que les
Européens devraient faire de propositions à ce stade, à moins qu’il n’y ait
de l’autre côté une contrepartie claire, significative et mesurable”, a
déclaré à Hong Kong Christine Lagarde, ministre française déléguée au
Commerce extérieur.
M. Mandelson, présenté comme un farouche
opposant de la politique agricole commune, défendue par la France, a déjà
été accusé de sortir de son mandat par Paris, qui lui reproche d’être trop
coulant sur l’agriculture.
En revanche, les négociateurs ont commenté le
couperet du calendrier. Le cycle, qui a déjà deux ans de retard sur le
calendrier initial, doit théoriquement être bouclé avant la fin de l’année.
Ainsi, le ministre australien du Commerce, Mark
Vaile, dont l’ambassade à Paris a abrité mardi soir la “mini-ministérielle”,
a qualifié le moment de “critique” compte-tenu du “temps disponible pour
boucler le cycle de Doha”. Les “ministres réunis ont tous convenu qu’il n’y
avait absolument plus de temps à perdre”, selon M. Vaile qui a ajouté que le
mois de juin serait décisif.
M. Vaile a été un des rares à voir un signe
fort dans la déclaration européenne. C’est une “initiative très positive”,
a-t-il dit à l’issue de la “mini-ministérielle”. Seul officiel à s’exprimer
à la sortie, il a déclaré attendre “plus de flexibilité de la part des
Etats-Unis sur les subventions agricoles et de la part des grands pays
émergents sur les droits de douane dans l’industrie”.