GDF réunit ses actionnaires
avant le débat au Parlement sur la fusion avec Suez
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Le président de Gaz de
France Jean-François Cirelli, le 16 mars 2006 à Paris
Gaz de France réunit mercredi ses actionnaires
pour son assemblée générale annuelle, en pleine période de concertation avec
les syndicats sur le projet de fusion avec Suez qui implique la
privatisation de Gaz de France, et avant les débats au Parlement d’ici
l’automne.
Si le processus de fusion se déroule
conformément aux délais prévus par les dirigeants des deux groupes
d’énergie, les actionnaires de Gaz de France seront à nouveau convoqués en
décembre pour entériner la fusion avec Suez. Mais d’ici là, un certain
nombre d’obstacles restent à franchir.
La date de l’examen du projet au loi sur la
privatisation de Gaz de France n’est toujours pas fixée. Le ministre des
Finances Thierry Breton a indiqué la semaine dernière tabler sur un créneau
“avant l’automne”, mais le président de l’Assemblée nationale est maître de
son calendrier, a-t-il fait valoir.
La concertation avec les syndicats et le
Conseil d’Etat sera achevée “dans les semaines qui viennent”, a indiqué
lundi M. Breton. Les 71 questions soulevées par les organisations syndicales
seront ensuite rendues publiques.
Les syndicats sont farouchement opposés au
mariage avec Suez, au motif qu’il conduit à la privatisation de GDF. L’Etat,
qui détient actuellement 80% du groupe, doit nettement réduire sa part au
capital pour permettre la fusion.
Les fédérations de l’énergie CGT, CFE-CGC et FO
ont prévu d’organiser une journée d’action mi-juin contre le rapprochement.
“L’Etat aura bien évidemment, comme il a
toujours été dit, plus d’un tiers du capital dans le futur groupe” fusionné,
répète-t-on à Bercy. Mais Thierry Breton a déclaré lundi ne pas savoir si
cet engagement de l’Etat sera inscrit ou non dans le projet de loi. “Ce
n’est pas encore débattu”, a-t-il déclaré.
La CGT affirme que l’Etat envisage de ne plus
inscrire dans la loi de privatisation la minorité de blocage, qui garantit
la part de l’Etat à 34% dans le cadre de la fusion.
Bercy a aussi assuré que le projet de loi
assurera la mise en place d’un contrôle de l’Etat sur le nouveau groupe “par
le moyen d’une action spécifique”. Ce joker de la finance, dit aussi “golden
share”, permet à un Etat de conserver un droit de veto sur l’évolution du
capital ou des activités d’un groupe, où il n’a qu’une présence minoritaire.
Mais la Commission européenne a réfuté mardi
cette possibilité pour la France. Les “golden shares n’ont pas leur place
dans le marché unique” communautaire, a déclaré le porte-parole du
Commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, Charlie McCreevy.
Autre épine dans le pied des dirigeants de Suez
et GDF: le groupe britannique Centrica a déposé lundi une plainte à la
Commission européenne contre le projet de fusion, qu’elle juge
anti-concurrentiel pour la distribution de gaz dans l’Union européenne,
notamment en Belgique et au Royaume-Uni.